Les États-Unis se sont abstenus de commenter le choix de Mahmoud Abbas comme Premier ministre palestinien, préférant s'interroger sur les réels pouvoirs dont celui-ci jouirait face à de Yasser Arafat. Le porte-parole du département d'Etat américain s'est contenté de rappeler lundi que Washington souhaitait voir un homme «fort et responsable» au nouveau poste de Premier ministre entériné le même jour par le Conseil législatif palestinien. Interrogé sur le choix de Mahmoud Abbas, proposé par le président Arafat, Richard Boucher a simplement répondu que cette personne faisait «partie du tableau» politique palestinien. «La question est : est-ce que cette personne aura du pouvoir ? Sera-t-elle capable d'aller de l'avant ? Aura-t-elle l'autorité pour faire cesser la violence et commencer à établir un véritable Etat ?» s'est-il à son tour interrogé, révélant ainsi le scepticisme américain sur le processus de réformes entamé par les Palestiniens. Un changement pourtant réclamé par l'administration Bush et qui se déroule malgré l'occupation militaire et les violences perpétrées par l'Etat hébreu. L'organisation des élections générales, prévues pour fin janvier 2003, reste d'ailleurs aujourd'hui encore incertaine. La «feuille de route» du Quartette (Etats-Unis, ONU, Russie et Union européenne) censée aboutir à la création d'un Etat palestinien d'ici 2005, est également au point mort. Et Yasser Arafat n'a pas manqué de le rappeler lundi devant les députés du CLP, réclamant la publication de ce plan de sortie de crise rendu secondaire par la crise irakienne. Malgré cette situation, le Parlement palestinien a pu adopter lundi le projet de loi visant la création du poste de Premier ministre et les prérogatives allouées à ce dernier. Selon le président du CLP, Ahmed Qoreï, le texte devait être soumis mardi à Yasser Arafat pour qu'il le paraphe. Si M. Abbas n'avait mardi toujours pas officiellement accepté cette responsabilité, il semble que l'étendue des pouvoirs conférés au chef du gouvernement ait répondu à ses attentes. Il disposera de trois semaines pour former un exécutif après sa nomination, et d'un délai supplémentaire de quinze jours, si nécessaire. S'il échoue, Yasser Arafat est habilité à le remplacer. Un vice-Premier ministre doit aussi être nommé, toujours selon le texte adopté par le CLP. Projet que les directions du Hamas et du Jihad islamique ont quant à elles rejeté tout comme le choix porté sur Abou Mazen. Ce dernier a souvent dénoncé la «militarisation» de l'Intifada, et appelé les groupes armés à une trêve d'un an avec Israël, proposition que les intéressés, récemment réunis au Caire, ont refusée. Selon eux, M. Abbas devrait de toute façon avoir du mal à imposer sa vision pacifiste au moment où l'Etat hébreu intensifie ses raids meurtriers. Mardi, le corps d'un Palestinien a encore été découvert dans les décombres d'une maison dans le centre de Hébron, en Cisjordanie, d'où étaient partis durant la nuit des tirs contre des militaires israéliens, tuant l'un d'entre eux. Depuis lundi soir, l'armée israélienne a également mené deux nouvelles incursions dans la bande de Ghaza.