Ministre chargé des relations avec le Parlement et membre du comité exécutif du Parti de l'Istiqlal, Mohamed Saâd el Alami plaide pour la prépondérance de la Justice. Pour lui, la loi sur les partis aura pour premier effet d'assainir le champ politique. ALM : La mouture de la loi sur les partis sera débattue jeudi prochain au Conseil du Gouvernement. Cette fois, sera-t-elle la bonne à votre avis ? Mohamed Saâd El Alami : D'après les informations dont nous disposons à l'heure d'aujourd'hui, les différentes remarques que le Parti de l'Istiqlal et l'USFP, ainsi que celles que d'autres partis politiques ont formulé concernant la première mouture ont été accueillies de manière positive. Si tel est réellement le cas, je pense que nous sommes sur la bonne voie vers son adoption. Pour cela, il faudra encore que la dernière version soit étudiée par les formations concernées. De notre part, et une fois qu'on aura consulté la dernière mouture, nous serons plus en mesure de dire si nos remarques ont bien été prises en compte ou non. Et c'est en fonction de cela que nous nous exprimerons. Parmi les principales remarques que vous avez adressé, figure celles liées au ministère de l'Intérieur dont les prérogatives seraient, toujours, larges à votre avis. A quoi devrait se limiter dans ce cas le rôle de l'Intérieur ? Il faut rappeler tout d'abord que nous n'avons pas formulé d'amendements, mais des remarques. Nous sommes en cela partis du principe que le Dahir de 1958, portant loi sur la constitution d'associations, avait garanti plus d'un acquis à l'action et aux partis politiques. Ces acquis sont quelque peu compromis par la première mouture du projet de loi sur les partis, alors qu'il fallait que cette dernière soit plus en harmonie avec lesdits acquis. Ceci étant, le ministère à un rôle important à jouer dans l'organisation du paysage politique, mais dans proportions qui restent à discuter. Mais dans les actions relatives à la création, la suspension, la dissolution d'un parti politique, c'est la Justice qui doit avoir le dernier mot. Un autre aspect qui a suscité le débat est celui du financement des partis par l'Etat. Sur quels critère, devrait se baser ce financement? Le financement par l'Etat d'un parti donné doit obéir à une seule et même règle, elle est adoptée pas les plus grandes démocraties dans le monde, à savoir la représentativité. Une représentativité exprimée soit par le nombre de sièges qu'une formation donnée au Parlement soit par le nombre des voix qu'elle obtient. Je pense que ce critère démocratique et universel est d'ores et déjà adopté. Le contrôle des finances des partis devrait, lui, être du ressort de la Cour des comptes. Qu'en est-il de l'option qu'ont maintenant les petits partis de former des alliances pour accéder à ces financements ? Il s'agit d'un bon moyen de conduire ces partis à former, non seulement des alliances stratégiques, mais des fusions durables dans des pôles politiques. Cette mesure participerait à mon avis à limiter la balkanisation constatée du champ politique marocain. De manière générale, pensez-vous qu'une loi sur les partis participerait à limiter cet éclatement ? En tout cas, c'est notre espoir. Cet éclatement de l'action politique est aussi inutile que dénué de tout fondement. Une action politique, ce sont des projets de société. Et ce qui est sûr, c'est que nous ne disposons pas de 26 projets de sociétés, nombre qui correspond à celui de nos formations politiques. L'adoption et la mise en œuvre de cette loi devraientt normalement être accompagnées d'un assainissement de l'action politique, de sa rationalisation, tant en nombre, en gestion qu'en fonctionnement. Les partis n'ont dans ce sens d'autre choix que de se mettre à niveau. Il y va aussi bien de leur survie que de leur capacité à remplir pleinement, dans un climat politique fait de transparence et d'efficacité. Autrement, ils seront exclus. L'objectif final n'est autre que la réhabilitation des partis comme de la politique, en général, dans notre pays.