Les Chypriotes grecs ont élu dimanche leur nouveau président, le centriste Tassos Papadoulos, qui plaide pour une renégociation du plan onusien en vue de la réunification de l'île. La question, urgente, est désormais relancée. Dimanche, Tassos Papadopoulos a remporté haut la main le premier tour de l'élection présidentielle qui se tenait dans la partie grecque de l'île chypriote. Ce centriste soutenu par Akel, le parti communiste, est arrivé en tête avec 51,51 % des voix devant son principal opposant, le président sortant Glafcos Cléridès, et les neuf autres candidats en lice. «Le peuple a décidé. J'ai appelé M. Papadopoulos pour lui souhaiter bonne chance », a déclaré dimanche soir le chef d'Etat déchu, qui briguait un troisième mandat limité à 16 mois, au lieu du quinquennat habituel. M. Cléridès avait justifié sa candidature par l'urgence de trouver une issue au conflit inter-chypriote. Il s'estimait en effet être le mieux placé pour poursuivre les négociations avec la partie turque de l'île en vue d'une réunification basée sur le plan présenté par l'ONU en novembre dernier. Cette question, dans l'impasse, représentait d'ailleurs le véritable enjeu de ce scrutin puisqu'elle a opposé les deux principaux adversaires. Le nouveau président a notamment accusé M. Cléridès de donner trop de concessions et d'avoir parallèlement négligé la politique intérieure. Tassos Papadopoulos, connu pour ses positions plus radicales, avait encore répété dimanche qu'il voulait «envoyer un message aux Chypriotes-turcs pour leur dire de ne pas croire (ses) détracteurs qui affirment (qu'il est) partisan de l'inégalité et de la division». «Je voudrais conduire une île unifiée au sein de l'Europe (...) et je suis prêt à négocier un meilleur plan viable et fonctionnel» avait ajouté ce juriste de 69 ans. A l'annonce de sa victoire, M. Papadopoulos avait encore souligné être «absolument prêt pour des négociations importantes». «Nous allons faire tout notre possible pour qu'une Chypre unifiée adhère à l'Europe», avait-il insisté. Renégocier le plan onusien semble pourtant à l'heure actuelle un souhait quasi-irréalisable étant donné que le secrétaire général de l'instance internationale a fixé au 28 février, soit dans une semaine, la date butoir pour un accord entre les deux camps sur la question. Faute de quoi, l'Union européenne a indiqué qu'elle n'accepterait que l'intégration de la partie grecque de l'île, dont l'entrée sera officialisée le 16 avril à Athènes, lors de la signature par les dix nouveaux membres du traité d'adhésion. Côté chypriote-turc, l'heure semblait lundi au pessimisme, le conseiller du président Rauf Denktash lui-même estimant que toute sortie de l'impasse était désormais «très réduite». «Les chances d'aboutir à un accord sur la réunification de l'île étaient déjà très limitées sous la direction de M. Cléridès, maintenant elles le sont encore plus», a affirmé Muntaz Soysal. Ankara a pour sa part annoncé que son Premier ministre Abdullah Gul devait s'entretenir de la situation lundi après-midi à Bruxelles avec Kofi Annan, l'artisan du plan de réunification élaboré sur le modèle suisse. Le secrétaire général de l'ONU doit d'ailleurs se rendre le 26 février sur l'île dans une ultime médiation entre les deux parties séparées depuis 1974. Son émissaire Alvaro de Soto, arrivé à Nicosie samedi dernier, a d'ailleurs prévenu que «l'occasion (d'un règlement) disparaîtra à moins que quelque chose n'arrive et ça, ce n'est pas certain du tout».