«Retour à Jamâa El Fna, 50 ans après» réunit les pionniers du «mouvement de Casablanca» La Compagnie marocaine des œuvres et objets d'art (CMOOA) revient à Marrakech et célèbre l'art marocain. C'est au sein de l'ancienne agence de Bank Al-Maghrib, place Jamaa El Fna, qu'elle organise sa grande vente aux enchères et une exposition «Retour à Jamâa El Fna, 50 ans après», prévue du 22 au 29 décembre. En effet, cette vacation exceptionnelle propose les œuvres d'artistes pionniers du «mouvement de Casablanca». «C'est une sélection réalisée entre 1958 et 1978 pour suivre les premiers pas de l'art marocain post-indépendance, jusqu'à l'affirmation d'une avant-garde marocaine à partir des années 1965, date à laquelle se forme le groupe de Casablanca «Melehi-Belkahia-Chebâa», qui s'élargira à partir de 1969 à d'autres talents», expliquent à ce sujet les organisateurs. Et d'ajouter que «la CMOOA a travaillé ces dernières années à exhumer des documents d'archives très rares qui permettront de mieux déchiffrer l'histoire complexe de cette décennie extrêmement prolifique en termes d'art, pour accompagner le récit artistique et historique des œuvres figurant dans l'exposition, mettant en avant une lecture «saine et sincère de l'art marocain». Sur les traces des pionniers de l'art marocain, nous découvrons en 1969 que la première exposition manifeste qui inaugurera une prise de conscience collective des artistes marocains s'est tenue dans l'espace public place Jamâa El Fna, en guise de protestation contre une politique culturelle jugée maladroite et inconsciente concernant la situation des arts plastiques au Maroc». Dans ce sens, l'exposition présentera les travaux de Jilali Gharbaoui, Farid Belkahia, Mohamed Chebâa, Mohamed Hamidi, Mohamed Melehi, Miloud Labied, Bachir Demnati, Mohammed Kacimi et d'autres artistes. Un exceptionnel ensemble d'œuvres d'art de Mohamed Melehi sera présenté pour la première fois dans une exposition publique, où l'on distinguera les premières recherches de l'artiste en Italie (en 1958) puis aux Etats-Unis (en 1962 et 1963). Mohamed Chebâa, qui gagne aussi depuis peu la juste reconnaissance de ses engagements politiques, sera présenté avec deux œuvres datées en 1962 et 1974, la dernière étant très marquée à son tour par la cause palestinienne. Pour la compagnie CMOOA, être à Jamâa El Fna aux côtés des artistes pionniers et des générations actuelles est lourd de sens. 50 ans après le manifeste de 1969, CMOOA joint sa voix à ceux qui appellent à un changement culturel et artistique, pour faire face aux enjeux de la mondialisation et de la globalisation. «Depuis Jamâa El Fna, et comme lors de la polémique du Club Méditerranée de 1978, nous défendons une position respectueuse de l'histoire moderne et contemporaine de l'art marocain face à une certaine vision de professionnels étrangers au Maroc».