Le cumul des dysfonctionnements quant à la gestion de la ville est énorme. Un programme, baptisé Maroc aux villes propres-agenda 21 et cofinancé par le PNUD et le ministère de l'aménagement du territoire, a été mis en place. Mission : sauver la ville. Meknès. Une ville au patrimoine universellement reconnu puisque classée comme tel par l'UNESCO depuis 1995, au climat unique et aux murailles et à l'arrière pays d'une diversité et d'une beauté rare que les peintres les plus doués, tel De Lacroix, n'ont pas manqué d'immortaliser. Meknès, c'est aussi, et à l'image de toutes villes marocaines, une cité où l'habitat clandestin fait des ravages, où les poches de bidonvilles résistent à toute tentative de réaménagement de son espace et où la pollution risque d'effacer les traces d'une cité impériale, dont l'évocation du nom ne se fait jamais sans nous renvoyer aux temps forts du règne de Moulay Ismaël, et qui marqué des siècles durant le cours d'histoire du pays. Bref, Meknès n'est plus que l'ombre d'elle-même. Et, à moins d'une action urgente et globale, même cette ombre risque de s'effacer. Un programme, cofinancé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Ministère de l'aménagement du territoire, de l'eau et de l'environnement a été mis en place. Mission : sauver la ville. Etabli sur 5ans (2001-2005) et baptisé Maroc aux villes propres-Agenda 21 locaux pour la promotion de l'environnement et du développement durable en milieu urbain, ce programme vise trois villes marocaines, Marrakech, Meknès et Agadir. Il a pour objectif de renforcer les capacités des collectivités locales en matière de développement intégré et durable et la gestion de l'environnement. Des ateliers de consultations, de trois jours, ont lieu depuis jeudi dans la capitale du centre pour présenter ce programme. L'occasion aussi de présenter à la fois les dangers qu'encours la ville sur tous les plans et de proposer les solutions adéquates et auxquelles autorités nationales et locales, secteur privé, société civile…sont amenées à participer. «Le but de ce programme, adopté dans les villes du Nord comme dans celle du Sud du monde entier, est de créer une synergie quant aux objectifs des collectivités à travers la consultation des différents acteurs économiques et sociaux… Cette méthodologie permettra également de responsabiliser des acteurs locaux, tout en leur accordant les moyens d'une gestion participative et consensuelle», a déclaré El Yazghi, ministre de l'Aménagement du territoire lors de la cérémonie d'ouverture de ces ateliers. C'est dire que l'enjeu est de taille et que le pari n'est autre que celui du futur d'une ville en manque de vision. Pour ce faire, les ateliers ont trait à trois thèmes différents : la gestion de l'eau, la valorisation du patrimoine historique et l'amélioration du cadre de vie et promotion de la ville, capitale du Centre, comme pôle régional. Trois thèmes, trois problématiques majeurs auxquelles la ville est confrontée. Plus au moins sécurisée quant à son approvisionnement en eau puisque avoisinant la plus grande réserve en eau du pays –le Moyen Atlas- Meknès n'en est pas moins menacée sur le long terme. Consommation domestique croissante, faible rendement du réseau de distribution d'eau potable (67%), surexploitation des eaux souterraines, non accès d'une partie des ménages urbains à cette ressource, rejet des eaux usées sans traitement et pollution des oueds traversant la ville… Des dysfonctionnement doublés d'une dégradation du patrimoine historique, si riche et varié mais tellement laissé pour compte. La Médina de la ville fait désormais office d'espace où la pauvreté et l'insalubrité sont les maîtres mots. Une politique cohérente de sauvegarde et de réhabilitation de cette partie de l'Histoire de la ville, et dont plus d'un bâti risque l'effondrement à tout moment, est totalement absente. Une chose est sûre, ce n'est pas avec une telle posture que la ville occupera son rôle de pôle régional. Encore moins quand le cadre de vie qu'elle donne à voir n'est nullement reluisant. La ville croule sous le poids d'un habitat non-réglementaire qui ne cesse de se propager, d'une mauvaise gestion de déchets solides, d'un manque d'espaces verts, d'un transport urbain défaillant etc. Tout cela, avec comme toile de fond, « une coordination limitée entre les différentes instances concernées par la ville quant aux solutions à adopter et à mettre en œuvre», déplore Monceyf Fadili, coordinateur national du programme. S'inscrivant dans le cadre d'une nouvelle démarche pour identifier des solutions efficientes et concrètes, l'initiative Maroc aux villes propres se veut un moyen à la fois de limiter les dégâts et d'aider à la revalorisation de la ville via des actions concrètes. «Notre approche a été élaborée de façon à réduire les redondances et les doubles tâches, à renforcer les structures institutionnelles au niveau des municipalités, des communautés urbaines et des régions et à favoriser le partenariat avec le secteur privé et la société civile », explique M. Fadili. Même si, face à ce cumul énorme qu'accuse la ville en dysfonctionnements, la réalisation d'un tel chantier paraît incertaine, l'espoir est toujours permis.