Peut être plus encore que les autres mois,celui sacré du Ramadan voit fleurir les «petits métiers». Peut être plus encore que les autres mois,celui sacré du Ramadan voit fleurir les «petits métiers». Les marchands ambulants vont de quartier en quartier comme à l'accoutumée, les jeunes cireurs se font nombreux aux terrasses des cafés et sur les trottoirs, après le ftour. Dans l'après-midi ce sont les femmes qui installent de petits étalages pour vendre msemens, œufs durs ou cakes. Les gardiens de voiture ont de leur côté, fort à faire en soirée lorsque les jeûneurs sortent. Avouons-le, tour ces petits métiers se révèlent fort utiles en ce mois. Deux choses me choquent tout particulièrement : voir le propriétaire d'une voiture somptueuse «s'enfuir» littéralement pour éviter de donner au jeune gardien ses quelques dirhams ; tout comme constater que celui qui vient de faire cirer ses chaussures «octroie» à peine au jeune cireur de quoi payer le cirage utilisé. Même s'ils ne sont pas majoritaires -car il existe aussi des Marocain(e)s généreux(ses)- ces comportements sont révoltants, car le modeste revenu ainsi gagné -honnêtement- par ces jeunes, fait souvent vivre toute une famille. Ces «petits métiers» sont bien sûr aléatoires : le jeune cireur peut se faire «embarquer» par la première patrouille venue et le jeune gardien de voiture doit louer -très souvent à prix fort- la place qu'il occupe. Ces jeunes font pourtant preuve de beaucoup de courage et de volonté, et leur attitude est louable eux qui ont choisi de nous «cirer les pompes» ou de garder nos voitures sous la pluie ou en plein soleil, plutôt que d'autres voies plus faciles et moins honnêtes. Ne serait-il pas judicieux de réfléchir à un statut pour ces «emplois de proximité» qui nous facilitent la vie. Pourquoi, par exemple, ne pas doter chaque jeune cireur d'une tenue, d'un badge, d'un banc et d'une boîte de cirage d'un même modèle pour chaque ville et ainsi leur conférer légitimité, dignité et visibilité ? Le commerce informel est une réalité, il fait vivre des milliers de personnes, les jeunes-notamment-y trouvent matière à «gagner leur vie » et à ne pas sombrer. Réfléchir aux moyens de les «encadrer», de les «légaliser», peut être une source intéressante de créations de «petits emplois». Bien sûr que ce n'est pas la panacée, c'est en tout cas une façon de «survivre», sinon de vivre.