Moyen par excellence d'assouplir les tracasseries administratives qui pénalisent l'acte d'investir, les Centres régionaux d'investissement (CRI) ont pour mission de d'encourager l'investissement et d'aider à la création d'entreprises. Mais qu'en est-t-il dans les faits? Un premier bilan de deux CRI nous en dit plus long… A eux seuls, ils détiennent maintenant plus de 14% des intentions de création d'entreprises. Moyen d'assouplir à la fois les procédures administratives et les tracasseries qui s'en suivent et de bouleverser un nombre d'idées arrêtées sur l'acte d'investir, les CRI (Centres Régionaux d'Investissement) sont, par définition, un outil incontournable à la fois d'investissement et d'aide à la création d'entreprise. Deux volets d'une même activité, d'une même mission qui promettent des lendemains enchanteurs pour la création d'entreprise et de richesses dans un cadre décentralisé et, par là, global et couvrant tout le territoire national. Mais qu'en est-il dans la réalité ? Les CRI ont-il vraiment les moyens de leurs ambitions ? Et quel bilan peut-on établir, après moins d'une année d'exercice ? Chez les directeurs des différents CRI du Royaume, le ton est optimiste. Deux exemples de CRI permettent d'établir un premier bilan. « Nous en sommes actuellement à plus de 700 certificats négatifs délivrés. Les objectifs premiers que nous nous étions fixés, à savoir stabiliser le marché de la création d'entreprises et bien démarrer les guichets d'investissement, sont désormais atteints », déclare Mouâd Jamai, directeur du CRI du Grand Casablanca. Une région qui rafle près de la moitié des intentions de création d'entreprises (48%). Une satisfaction que partagent d'autres responsables, dont Mohamed Lambrabet, directeur du CRI de Dakhla. « Dans une région où les horizons sont bouchés et les possibilités d'investissement sont limitées, le CRI est un organisme pilote pour sortir l'acte d'investissement de sa léthargie. Un rôle dont nous sommes conscients. Beaucoup de projets pour aider les jeunes créateurs d'entreprises commencent à prendre forme et nous ne pouvons que nous en réjouir ». Bien que la nature de la ville et le peu de moyens, en termes d'infrastructures et de population, ne prêtent pas à un développement tel que celui que connaissent, dans une certaine mesure, les grandes villes marocaines, le CRI de Dakhla a réussi à délivrer 22 certificats négatifs pour le moment. Avec, cependant, un avantage, dont un CRI comme celui de Casablanca ne dispose pas: assister les jeunes créateurs d'entreprise. « En dehors de l'aide effective que nous fournissons pour la création d'entreprises, il faut avouer que nous n'avons pas les moyens d'assister les porteurs de projets dans la gestion de leurs affaires. Mais nous faisons de notre mieux, par les accords de partenariats que nous avons signés, notamment avec l'Anapec, l'OFPPT, le Fondation Banques Populaires, pour apporter le plus d'aide possible aux créateurs d'entreprises », précise M. Jamai. Le CRI de Dakhla va encore plus loin. Le nombre limité des intentions de création d'entreprises permet un suivi post-création d'une entreprise donnée et un accompagnement dans toutes les phases de création d'une société. Mais ce n'est pas pour autant que tous les clignotants sont au vert. D'autres facteurs entrent en jeu et les blocages auxquels les jeunes créateurs d'entreprises sont confrontés sont multiples. A commencer par le climat des affaires qui décourage plus d'un. L'attentisme morbide dans lequel vit l'économie marocaine, dû au manque de visibilité et l'instabilité du marché, national et international, font que les initiatives de création d'entreprises ne se bousculent point. « Le manque en compétences managériales et les nouveaux modes de crédit jeunes promoteurs, comme le parrainage, qui tardent à venir font également que l'on n'ose pas investir », déplore M. Jamai. A cela s'ajoute un obstacle majeur : le financement. « Les agences bancaires qui existent dans la région n'ont aucun pouvoir décisionnel, quant à l'octroi de crédits. Pour l'avoir, un jeune doit, obligatoirement, se déplacer à Agadir ou à Casablanca, sans aucune garantie d'avoir satisfaction », relève M. Lamrabet. Pour pallier ces entraves, le CRI de Dakhla a entamé un programme pilote avec de jeunes Sahraouis, porteurs d'un projet de super-marché dans la ville. Le CRI s'occupe actuellement d'établir une assise juridique et financière au projet. Les préparatifs vont bon train, nous assure-t-on. Et ce serait peut-être le début du guichet unique, un pour les CRI pour qu'ils remplissent leur mission initiale : neutraliser les entraves administratives qui se dressent devant l'acte d'investir.