C'est sur le thème de la démocratie et de la politique économique que s'est tenue récemment une conférence à Rabat. La conception de la politique économique est aujourd'hui marquée par des entraves à la démocratie et cette dernière est largement tributaire d'une distribution équitable des coûts et des avantages, a souligné jeudi dernier à Rabat, l'universitaire marocain Rédouane Taouil. Animant une conférence sur le thème : « Démocratie et politique économique » au Centre Tarik Ibn Ziad pour les études et la recherche, M. Taouil a mis l'accent sur la prévalence de l'expertise économique dans la prise de décision politique. S'inscrivant en faux contre l'idée selon laquelle l'économie est trop abstraite et éloignée de la réalité, M. Taouil a noté que «depuis une vingtaine d'année, les économistes, bien que produisant des analyses et des théories, sont devenus de véritables décideurs aux commandes du monde ». La politique économique témoigne du primat de l'expertise macro-économique sur les choix des décideurs politiques. Devant une telle situation, a-t-il noté, les décideurs politiques ne font généralement que trouver la rhétorique pour justifier les choix et les stratégies définies par les experts économiques. Pour illustrer son propos, le conférencier a cité le cas du Maroc où « le jeu électoral ne conditionne nullement la politique économique », relevant que « les choix économiques n'ont pas fait l'objet de débats profonds lors de la campagne électorale des dernières législatives ». La politique économique au Maroc prend l'empreinte de certaines théories économiques restrictives des années 30 qui prônent notamment la rigueur budgétaire et monétaire, a estimé M. Taouil, arguant que la politique économique doit être basée essentiellement sur un contrat social et libérée des contingences électorales. Rédouane Taouil est enseignant agrégé à l'Université Pierre Mendés France (Grenoble) où il enseigne la macroéconomie, l'économie industrielle et l'histoire de la pensée économique .