Installés dans des baraques de fortunes, des tentes anarchiques, ou dans des camping-cars, les passionnés de la pêche à la canne trouvent en cet endroit un coin complètement isolé pour s'éloigner et oublier carrément toute pression ou stress qui empoisonnent leur vie. Située à 196 km au nord de Laâyoune et à 112 km au sud de Tan-Tan, la bourgade paisible Akhfenir est un vrai éden qui fait le bonheur des amateurs de la pêche à la canne. Une centaine de pêcheurs professionnels et amateurs se donne rendez-vous quotidiennement tout au long du littoral entre Oued Chibka et Akhfenir réputé par ses richesses poissonneuses, en raison de l'absence totale des bateaux de pêche dans les eaux côtières de cette région, et qui sont inaccessibles aux navires en raison des roches et vagues très fortes. Pour les premiers il s'agit d'une véritable source de vie, alors que pour les seconds c'est un loisir qui nécessite beaucoup de sacrifices, et qui n'hésitent pas à prendre la route pour traverser des centaines de kilomètres pour profiter d'une aventure à ciel ouvert dans cette zone hors temps avec ses paysages et falaises naturelles à couper le souffle. Installés dans des baraques de fortunes, des tentes anarchiques, ou dans des camping-cars, les passionnés de la pêche à la canne trouvent en cet endroit un coin complètement isolé pour s'éloigner et oublier carrément toute pression ou stress qui empoisonnent leur vie, et qui cèdent désormais la place à quelques moments de paix intérieure et desérénité d'esprit. Ainsi, la petite bourgade d'Akhfenir est devenue ces dernières années la destination privilégiée des amateurs chevronnés et débutants de la canne à pêche et qui y trouvent toutes les conditions nécessaires pour s'adonner à leur loisir préféré qui est une véritable addiction. Encouragés en cela par l'abondance des poissons au large de ses côtes, notamment les courbines (maigres) qui sont les plus répandues dans cette région et attirent les pêcheurs du monde entier. Ce poisson peut atteindre jusqu'à 50 kg, alors que son prix commence à 60 DH pour le gros et 30 DH pour celui à petite taille appelé localement «Debdoub», ainsi que d'autres espèces comme la dorade, le bar, le sar, la raie, et le loup moucheté. Sur place, le pêcheur amateur venu voler quelques moments de détente et de divertissement ne compte pas son temps, par contre il peut passer une journée complète ou une nuit entière à attendre que le poisson morde à l'hameçon, sans s'ennuyer, tous les autres détails routiniers sont relégués au second tour. Le matériel de pêche ne nécessite qu'un petit investissement, notamment un moulinet et une canne solide et longue pour faire face à des poissons coriaces. En guise d'appât, plusieurs techniques sont utilisées : de la sardine fraîche pour le lancer et de la pelote pour la touche. On se sert aussi de calamars, coquillage, crabes ou vers appelés communément «Bokho». Des camionnettes viennent régulièrement ravitailler les pêcheurs en appâts et prennent leur pêche. Les lieux de pêche sont innombrables dans cette zone et s'étendent sur une dizaine de kilomètres de côte quasiment sans pêcheurs, avec des eaux riches non sur-pêchées. Les falaises hautes de plus de 30 mètres et qui dominent des eaux tumultueuses et poissonneuses restent les plus privilégiées. On y pêche notamment dans des «balcons». Dans ce sens, il suffit de descendre quelques mètres pour se retrouver sur un balcon rocheux naturel, et qui est différemment orienté et plus ou moins près de l'eau. Des guides issus de la région sont aussi là pour mener et guider les nouveaux arrivants au meilleur endroit du moment. «Même si je connais parfaitement cet endroit, chaque jour j'arpente la côte à la recherche du coin le plus favorable, et qui diffère d'une manière permanente en fonction du vent, de la température, la force des vagues, la marée, du courant, et de la couleur de l'eau. Tous ces éléments sont pris en considération dans le choix de l'endroit idéal pour pêcher», explique Hamadi, un quadragénaire qui s'adonne à la canne à pêche dans cette région. Certains préfèrent s'aventurer dans des falaises et des endroits difficiles d'accès, et dans lesquels le moindre faux pas serait fatal. Ces sites dangereux sont connus par leur grande quantité de poissons et attirent les aventuriers au péril de leur vie. Sur place plusieurs de ces pêcheurs amateurs marocains ou étrangers procèdent à la vente de leur prise soit aux nombreux restaurants sur place, aux populations locales, aux touristes de passage, et aux voyageurs qui passent par la route nationale à la recherche de poisson frais. D'autres, équipés avec des réfrigérateurs sur place, n'hésitent pas de stoker leurs prises pour s'y approvisionner une fois de retour dans leurs villes d'origine. 20 km au sud d'Akhfenir, la lagune Naila, site Ramsar protégé par l'Unesco, abrite également une quantité invraisemblable de poissons. La diversité des espèces de poissons qu'on y rencontre a fait d'elle un paradis pour les amateurs de la pêche. Longue de plusieurs kilomètres et s'ouvrant sur la mer par une passe de presque 3 km de long et d'une profondeur qui peut atteindre 15 mètres, on y pêche notamment en bateau, mené par des guides spécialisés. Toute la machine économique au niveau de cette bourgade connue comme étant l'un des principaux arrêts des voyageurs à destination des provinces du Sud tourne autour de la pêche, c'est presque impossible de ne pas s'y arrêter pour déguster un plat de poisson. Cette région encore méconnue vaut le détour.