Le bilan des attentats-suicide est toujours revu à la hausse avec une soixantaine de morts au moins et plus de 130 blessés, alors que plus de soixante personnes sont hospitalisées. Vendredi, des kamikazes ont projeté des camions piégés contre le bâtiment administratif tchétchène à l'heure du déjeuner. Les déflagrations, qui correspondent à une tonne de TNT, ont soufflé les portes, les fenêtres et les murs intérieurs des locaux.. L'attaque aurait été perpétrée par trois kamikazes qui se déplaçaient à bord de deux camions. Les trois hommes portaient des uniformes de et étaient munis de badges militaires. Ils ont été autorisés à passer au travers de plusieurs contrôles de sécurité parce qu'ils étaient déguisés en militaires russes, et leurs camions portaient des plaques d'immatriculation de l'armée russe. Deux énormes explosions ont secoué le complexe en l'espace d'une minute, détruisant complètement le bâtiment de quatre étages, endommageant les véhicules stationnés alentour et propulsant des débris dans tout le quartier. La télévision a montré des images de corps jonchant le sol gelé autour desquels titubaient des employés et des membres des services d'ordre, l'air hagard et la tête ensanglantée. L'explosion a creusé un cratère de six mètres. Cette opération suicide survient deux mois après la prise en otages par un commando tchétchène de centaines de personnes dans un théâtre de Moscou dans le but d'attirer l'attention du monde sur la situation actuelle des Tchétchènes. Plus d'une trentaine de personnes avaient été tuées lors d'une attaque de ce type qui avait été perpétrée en juillet 2000 dans des locaux de la police russe. Cette dernière est régulièrement confrontée aux nationalistes tchétchènes depuis 1994. Il faut rappeler qu'un accord passé entre eux et le pouvoir russe avait donné de facto en 1996 l'indépendance à cette province caucasienne. Mais, le Kremlin a vite renié son engagement et renvoyé l'armée russe en 1999, chassant du pouvoir le Président tchétchène Aslan Maskhadov. Des initiatives européennes ont incité Poutine à reprendre les négociations de paix avec Maskhadov sans résultat. Moscou considère ce dernier comme complice des activistes tchétchènes incapable d'empêcher les violences commises par eux. Plutôt que de chercher à initier un processus de paix basé sur l'indépendance de la province caucasienne, les Russes ont préféré lancer un plan de récupération politique élaboré par ses services. Mais, leurs tentatives pour imposer un gouvernement inféodé en Tchétchénie n'ont pas rencontré le soutien de la population qui se méfie des dirigeants fidèles à Moscou. Vladimir Poutine prévoit d'organiser en mars un référendum censé régler politiquement la question tchétchène en réaffirmant l'intégration de la province au sein de la F&éducation de Russie. De source politique russe, on estime que le Kremlin ne devrait pas renoncer à ce processus visant à doter la province d'une constitution pro-russe. Sur les lieux du dernier attentat en date, les secours ont travaillé sans relâche durant la nuit de vendredi à samedi, la journée de samedi et dimanche, dans les décombres du siège de l'administration tchétchène pro-russe, cherchant d'éventuels rescapés. Les autorités ont estimé qu'environ 200 personnes se trouvaient dans les bâtiments au moment des explosions.