La réanimation médicale et post-opératoire ne reste pas à l'écart des maux dont souffre le secteur de la santé. Qui aurait cru qu'une spécialité aussi importante ne compte que 300 médecins ? 70 autres s'y ajouteront durant les quatre années à venir. La Société Marocaine d'Anesthésistes et Réanimateurs (SMAR), qui nous a communiqué ces chiffres, insiste sur le fait que chaque hôpital doit disposer d'au moins quatre réanimateurs. Au Maroc, nous sommes loin de ce chiffre. Il tient même de l'ordre des utopies. La plupart des hôpitaux nationaux n'en disposent pas du tout. « Imaginez qu'un centre hospitalier provincial comme celui d'Azilal ne compte aucun réanimateur parmi son personnel médical! La province est pourtant un terrain accidenté où abondent les cas nécessitant l'intervention urgente d'un spécialiste », précise Dr Bouchaïb Taybi, réanimateur anesthésiste. La réanimation en tant que telle n'a été sacrée spécialité à part entière par l'OMS qu'il y a une vingtaine d'années. Ceci est dû à son caractère horizontal, puisqu'elle touche à plusieurs spécialités à la fois. Un médecin réanimateur s'occupe de toute situation urgente. Il intervient aussi bien en cas de coma diabétique, d'insuffisance rénale ou cardiaque que d'intoxication. C'est pour cela que, pour longtemps, son champ d'action a connu l'intervention de médecins internes, de cardiologues, d'urgentologues en plus des réanimateurs anesthésistes ou des réanimateurs médicaux. Au Maroc, cette spécialité ne se porte pas bien. En plus de la carence en médecins et personnel par-médical spécialisé (le minimum est d'un infirmier pour deux patients), le manque en matériel de réanimation est flagrant. Commençons par le début, le local. Un service de réanimation doit disposer de lits isolés afin d'éviter les infections. Le matériel proprement dit est également insuffisant. Les raisons en sont d'ordre matériel. Un respirateur artificiel, appareil rudimentaire nécessaire à chaque intervention, coûte entre 200.000 et 400.000 dirhams l'unité. C'est pour vous dire l'énorme investissement si l'on veut en équiper tous les hôpitaux. D'autres appareils, tout aussi chers, sont rares en milieu hospitalier au Maroc. Il s'agit des unités d'aspiration ou de monitorage de pression. Et biensûr, il ne peut y avoir de réanimation médicale ou post-opératoire sans oxygène. Cet élément, capital à la vie de chacun, devient encore plus précieux lorsque la respiration est artificielle. Mais c'est une denrée très chère qui alourdit les charges des hôpitaux et des cliniques.