Des heurts ont opposé soldats français à des rebelles ivoiriens qui s'étaient trop rapprochés de la ville de Duékou. Paris ne veut pas se substituer aux Africains pour trouver une solution durable. Les militaires français, qui étaient équipés de blindés et d'armement lourds, ont ouvert le feu pour les empêcher de poursuivre leur progression vers le Sud, notamment vers Abidjan, alors que la population commençaient à fuir. Les rebelles ont fini par contourner les forces françaises en empruntant une voie secondaire. Ces combats sont les plus vifs parmi ceux ont opposé les soldats français aux rebelles depuis l'éclatement du conflit ivoirien. Les rebelles s'étaient emparés de Blodi, au Nord-Ouest de Duékou. Déjà présent dans la ville stratégique de Man, ils ont annoncé avoir pris une autre ville, Bangolo. Désormais, ils se dirigent vers le fleuve Sassandra, dernier obstacle naturel avant Abidjan. Plus d'un millier de soldats français se trouvent en Côte d'Ivoire en principe pour défendre les ressortissants français encore dans ce pays. Ils devraient être rejoints par 1.500 hommes supplémentaires d'ici fin décembre. Cette présence militaire française suscite l'ire des rebelles qui accusent le gouvernement français d'ingérences dans les affaires intérieures ivoiriennes. « La France s'est engagée dans une guerre qui n'est pas la sienne », en faisant le choix de combattre les rebelles ivoiriens, estimait hier le Mouvement populaire ivoirien du Grand Ouest (MPIGO). « Les troupes françaises ont fait le choix de faire la guerre aux Ivoiriens qui combattent pour la liberté de leur pays », écrit le MPIGO dans un tract. Sur le plan diplomatique, l'opposant Alassane Ouattara continue d'appeler à de nouvelles élections présidentielles et législatives et à l'adoption d'une nouvelle constitution : « Pour le retour de la paix et de la stabilité en Côte d'Ivoire, « il nous faut de nouvelles élections présidentielles et législatives, a-t-il déclaré avant d'ajouter que « des élections truquées et tronquées ne sont pas source de stabilité ». Il a en outre affirmé que l'actuelle constitution ivoirienne a été manipulée et acquise frauduleusement : « Nous ne pouvons pas accepter des Ivoiriens de différentes catégories. Il nous faut une nouvelle constitution », revendique Ouattara. Il a, par ailleurs, rendu hommage à la position de la France qui œuvre pour le règlement global de la crise ivoirienne. L'ancien Premier ministre ivoirien et principal opposant politique au régime s'était réfugié pendant plus de deux mois dans la résidence diplomatique française à Abidjan, provoquant une levée de boucliers contre Paris qui avait répondu pied à pied à ses détracteurs ivoiriens les plus virulents. Les Nations unies de leur côté rappellent que cette crise ne saurait trouver une issue en dehors d'une « solution politique négociée » et demande à toutes les parties impliquées de bannir la force. Toujours au chapitre des déclarations, le ministre français des affaires étrangères Dominique de Villepin estime que, sans la présence de la France, la Côte d'Ivoire aurait déjà connu une catastrophe : « La France est mobilisée en Côte d'Ivoire pour deux objectifs, la paix et la réconciliation (…) Nous sommes aux côtés de tous ceux qui aujourd'hui cherchent une solution à ce pays. Nous travaillons de concert. Nous ne voulons pas nous substituer aux Africains », a expliqué le ministre.