Un corps frêle mais une volonté inébranlable. Voilà comment son entourage la décrit. Discrète et humble, Fatima Aouam a participé à l'opération «Soleil à travers les barreaux». Tout le monde savait que cette grande dame de l'athlétisme national était très active sur le plan associatif, mais ceux qui étaient à la prison de Oukacha samedi dernier, ont vu à l'œuvre une dame au grand cœur. Fatima Aouam a pris part à l'opération «Soleil à travers les barreaux» initiée par le réseau Maillage, aux côtés d'autres sportifs et artistes tels Rédouane Allali, Naïma Lamcharki, Rachid El Ouali et d'autres. «J'aurais souhaité que ces jeunes soient ailleurs», a-t-elle déclaré à Aujourd'hui Le Maroc. Elle était présente aux côtés de jeunes prisonniers en ayant une seule question en tête : ne valait-il pas mieux construire des terrains de sports dans les quartiers défavorisés au lieu de construire des prisons ? Le sourire aux lèvres, Fatima Aouam a essayé de partager la souffrance de ces jeunes gens. «Une manière de leur dire qu'il ne faut pas perdre espoir», a-t-elle ajouté. Cette dame a porté l'étendard de l'athlétisme national pendant plus de 19 ans. Ses débuts, ils les a faits sur les pistes de son école à Casablanca en 1972 alors qu'elle avait à peine 12 ans. Ecolière, collégienne puis lycéenne, elle a toujours été première en cross lors des compétitions scolaires. Une perle de la sorte ne peut pas passer inaperçue. Les responsables de la section athlétisme du WAC l'ont vite compris et le petit espoir de l'athlétisme national féminin rejoint les rangs du grand club. Tout au long de son parcours d'athlète de haut niveau, Fatima Aouam a pris part à plus de 200 compétitions internationales sur ses distances de prédilection, le 800m, 1500m et 3000m. «Les athlètes de ma génération n'avait pas les moyens de sillonner le monde pour participer aux meetings qu'ils voulaient », explique-t-elle. Participer mais aussi briller, faire de son mieux pour rafler les titres et les médailles. C'est une devise que Fatima Aouam a toujours appliquée. Et son parcours sportif le montre bien. Cette dame a trôné pendant longtemps sur les pistes arabes et africaines, « alors que la présence féminine se faisait très rare », souligne-t-elle. La Marocaine a été la détentrice de plusieurs records nationaux, arabes et africains. Elle a été sacrée championne d'Afrique en 1988 en Algérie et en 1989 en Egypte. En 1988, elle a atteint la finale du 1500m aux Jeux Olympiques de Séoul. Mais l'exploit dont elle est la plus fière est son record du monde du double mile. Un record qui est resté inviolable pendant plus de 10 ans. Fatima Aouam a subi également le revers de la médaille, avec son lot de déceptions et de mauvais souvenir. Les Jeux Méditerranéens de Casablanca en 1983 l'ont marqué à vie. Elle voyait la médaille d'or toute proche. La consécration de longues années de travail acharné. Mais le sort en a voulu autrement. Une faute technique la prive du plaisir d'être à la première marche du podium chez elle, devant son public. Les premières désillusions évanouies, Fatima Aouam va se ressaisir. Elle prendra sa revanche quatre années plus tard, aux Jeux Méditerranéens de Syrie. Elle réussit à remporter la médaille d'or sur le 1500m et le 3000m. L'athlète marocaine n'est pas parvenue à ce niveau sans y laisser des plumes. Comme tout grand athlète de haut niveau, elle a subi la loi des blessures. Fatima Aouam a souffert du nerf sciatique. Ce qui l'a poussé à quitter les pistes vers la fin de 1991, non sans avoir le sentiment du devoir accompli.Membre du Comité Olympique Marocain et du comité provisoire de la Fédération Royale Marocaine d'Athlétisme, elle se déploie en efforts pour mettre sa renommée d'athlète de haut niveau au service de ceux ont besoin d'attention.