Grand moment d'émotion vendredi au Salon du livre sur le stand du CNDH lorsque Mohamed El Bachiri a lu ce poème que je vous propose de découvrir ici : Mohamed El Bachiri est un jeune belgo-marocain, musulman et molenbeekois. Avec ce prénom, ses convictions religieuses et la triste réputation de la commune dans laquelle il vit «Molenbeek» en Belgique, il est considéré par une partie de la population et du monde comme un terroriste potentiel. Il est l'époux de Loubna Lafquiri, l'amour de sa vie, la mère de ses trois enfants, décédée lors des attentats de Bruxelles le 22 mars 2016. J'ai eu l'honneur et le plaisir de le présenter ce vendredi lors d'une rencontre organisée par le CNDH, au Salon du livre de Casablanca, à l'occasion de la parution de son livre «Un jihad de l'amour» au Maroc. Après l'assassinat de Loubna, plutôt que de se laisser aller à la haine, plutôt que de succomber à un irrésistible désir de vengeance, Mohamed transforme son chagrin en combat pour l'amour. Avec son magnifique témoignage diffusé en décembre 2016 sur une chaîne flamande et visionné plus de 8 millions de fois intitulé «Allaho Akbar», il touche au cœur des millions de téléspectateurs. Il lance un appel pour un «jihad d'amour», où le mot jihad reprend son sens premier, «une lutte», et où l'Islam retrouve ses origines premières, de paix, de fraternité, de culture... Il y transcende son désespoir en un appel à la paix entre chrétiens, juifs, musulmans et athées. Son livre est devenu un véritable best-seller en Flandre et aux Pays-Bas où il a été vendu à près de 90.000 exemplaires. Cet ouvrage a été traduit en anglais, en allemand et maintenant en français. Son appel a eu une résonnance toute particulière chez les Néerlandophones où il y a reçu la médaille d'honneur par le gouvernement flamand mais aussi le Prix de l'égalité et le titre d'ambassadeur de la paix. C'est dans une atmosphère empreinte d'émotion que Mohamed a retracé son douloureux et courageux cheminement depuis ce jour funeste et avec des mots qui parfois avaient du mal à sortir de sa gorge qu'il a retracé quelques-uns des moments clés décrits dans son livre : Cet instant où il lui a fallu expliquer la mort de leur maman à ses enfants, leur disant que des méchants avaient posé une bombe dans le métro et que pour protéger Loubna Dieu l'avait emmenée à lui. Ce jour où il a eu l'honneur d'être reçu par Sa Majesté Mohammed VI, lui ainsi que sa famille et où le Roi lui a dit qu'il le recevait sachant ce qu'il pouvait ressentir étant père lui-même. Et puis des instants d'émotion pure durant notre débat, tels que la minute de silence à la mémoire de Loubna et de toutes les victimes du terrorisme ou encore cette rencontre si forte durant notre débat où Madame Souad El Khammal -qui a perdu son fils Tayeb et son époux lors des attentats de 2003 à Casa- et Mohamed se sont retrouvés dans les bras l'un de l'autre, en larmes... Je voudrais maintenant vous livrer le poème, si beau, avec lequel Mohamed a conclu son propos : «Allaho akbar doux murmure provenant du cœur, qu'on ne peut entendre mais tellement plus vrai que celui utilisé pour détruire. Allaho akbar pour l'amour que je porte au plat pays qui est le mien et au Royaume chérifien. Allaho akbar pour la beauté, pour l'art, pour cette œuvre qui dégage une émotion si forte qu'elle ferait fondre en larmes le plus glacial des cœurs. Allaho akbar pour toute cette diversité, ces cultures, ces croyances, ces gens avec lesquels on discute, on échange et on accepte que finalement chacun détienne sa vérité dans un esprit de fraternité. Allaho akbar lorsque l'on réprouve la violence et œuvre pour la paix et l'amitié entre les peuples. Allaho akbar lorsque je souris et tends la main à toi le juif, l'athée ou le chrétien. Allaho akbar pour ceux qui ont compris que Dieu est amour et que le salut ne viendra qu'à travers cette force universelle exprimée pour son prochain. Allaho akbar, douce pensée pour toi Loubna mon amour et pour toutes les victimes qui vivront à jamais dans nos cœurs et nos mémoires. »