L'Instance Equité et Réconciliation (IER) a annoncé que la prochaine audience publique sur les années de plomb et qui se tiendra à Figuig ne sera pas retransmise en direct sur les médias publics. Les séances d'audition publiques relatives aux années de plomb de 1956 à 1999, et initiées par l'Instance Equité et Réconciliation (IER), vont reprendre dès samedi prochain, 29 janvier, dans la ville de Figuig. Toutefois, contrairement aux deux premières séances d'audition, celle de Figuig ne sera vraisemblablement pas retransmise en direct sur les médias publics, mais en différé. C'est ce qu'a souligné Salah El Ouadiaâ, membre de l'Instance. Pour lui, ce contretemps est dû à des raisons purement logistiques. Toutefois, poursuit-il, les deux chaînes publiques (RTM et 2M) et la radio nationale demeurent des partenaires à part entière de l'Instance. Aussi, les organisateurs ne savent pas encore si la retransmission en différé concernera l'intégralité des témoignages ou uniquement quelques passages. Encore une fois, El Ouadiaâ explique que si les interventions des victimes sont assez longues, elles seront probablement charcutées au montage. Par ailleurs, les organisateurs ont prévu, sur place, une plate-forme logistique pour les journalistes marocains et étrangers (base documentaire sur les témoins, Internet, Fax…), mais sans pour autant leur assurer ni le transport, ni l'hébergement à Figuig. Le même traitement sera réservé aux représentants des associations et autres observateurs indépendants. En fait, le choix de la ville de Figuig laisse perplexe plus d'un. Dans un souci de couvrir l'ensemble du territoire marocain, l'IER pouvait aisément choisir la ville d'Oujda, chef-lieu de l'Oriental. El Ouadiaâ estime que le but de l'IER n'est pas uniquement de réhabiliter les personnes victimes d'exactions dans le passé, mais également (pour ne pas dire surtout) de promouvoir ce qu'on pourrait appeler une "réconciliation géographique". "Nous voulons aller vers les victimes et leur donner la parole", explique El Ouadiaâ. En tout cas, les témoignages qui seront prononcés lors de cette troisième séance risquent de ne pas avoir la portée nationale et internationale des deux premières audiences publiques. C'est un peu dommage. El Ouadiaâ reconnaît que les audiences de Rabat ont donné la parole à "tout le spectre historique". Alors que le samedi prochain, seules les victimes originaires de Figuig vont se prononcer. Les retransmissions en direct sont, à ce titre, primordiales. Le contraire risque d'être de la perte de temps. Et pour cause, l'IER ne cesse de répéter que ces auditions aspirent à "contribuer à empêcher la réédition des violations graves et à cette fin la mise en place de garanties et la consolidation de la confiance dans les dispositions et le fonctionnement des lois et des institutions". Justement, l'IER insiste également sur le fait que "le programme des auditions publiques qui se poursuivra après l'étape de Figuig dans plusieurs régions du Royaume entend consacrer le rôle pédagogique de ces séances dans le but de créer une meilleure aptitude au sein de la société et de l'Etat en faveur des valeurs et principes des droits humains, de leur protection et de leur pratique". L'objectif est louable. Mais comment l'atteindre, si ce n'est à travers les médias de masse, notamment à travers les deux chaînes publiques et la radio nationale.