L'Instance Equité et Réconciliation (IER) organise, le 29 janvier à Figuig, une séance des auditions publiques des victimes des violations des droits de l'Homme qu'a connues le Maroc entre 1956 et 1999. Au cours de cette séance, d'anciennes victimes devront présenter des témoignages oraux sur les violations graves des droits de l'Homme qu'a connues la région de l'Oriental et relatives notamment aux incidents de 1963, 1973 et de 1984, ont indiqué à la MAP des sources de l'IER. Cette séance, la troisième du genre après les deux premières séances d'audition organisées les 21 et 22 décembre à Rabat, sera suivie de deux autres, prévues respectivement à Errachidia et Khénifra. Ces auditions se déroulent en public en présence de représentants de la presse nationale et étrangère, d'organisations et associations de droits de l'Homme, de corps diplomatiques, des autorités publiques, des partis et des syndicats. Le programme des auditions, mis en place par l'IER, insiste sur le caractère éducatif de cette initiative, visant notamment à favoriser une grande disposition de la société et de l'Etat à adopter les principes des droits de l'Homme, les défendre, les protéger et à les mettre en oeuvre dans la vie quotidienne. Ces auditions œuvrent également à consolider la confiance dans l'Etat de droit et des institutions et à garantir que ces violations graves ne se répètent pas. La sélection des témoins pour les auditions est soumise à l'accord préalable des personnes dont les dossiers sont déposés auprès de l'IER ainsi que ceux proposés par les associations marocaines des droits de l'Homme. Les critères de sélection observent aussi le principe de la large représentativité selon le sexe, les événements, la nature de la violation, le centre de détention et l'aptitude psychique de la victime. Les auditions publiques, également adoptées par plusieurs pays en processus de transition après une phase de violation des droits de l'homme, sont consacrées à la présentation en public des témoignages oraux des victimes sur les violations qu'ils ont subies. Au vu de leurs rôles dans la réhabilitation de la dignité des victimes et la reconnaissance officielle de leurs souffrances ainsi que pour la consécration des droits de l'homme, les auditions publiques connaissent une importance grandissante dans les processus de réconciliation adoptés par ces pays. Ces différentes expériences confirment que les auditions publiques, dont le rôle diffère selon les circonstances de chaque pays, ont permis de vulgariser les souffrances des victimes auprès de l'opinion publique, de renforcer l'appréhension de cette dernière des événements du passé et de développer son intérêt pour le respect des droits de l'Ìomme. Elles ont, de même, contribué à la consolidation de la solidarité nationale, de la cohésion sociale et à favoriser et enrichir le processus de réconciliation. Concernant l'expérience marocaine, les audiences publiques visent en premier lieu le recouvrement de la dignité des victimes dont les droits ont été bafoués par l'Etat, le partage de leur souffrance, l'allègement des séquelles psychologiques et la conservation de la mémoire collective. Les séances des audiences publiques sont considérées comme l'un des processus engagés par l'IER pour faire connaître la vérité sur les violations des droits de l'Homme durant la période allant de 1956 à 1999.