L'ambassadeur palestinien à Rabat, Abou Marwane, estime qu'après les élections présidentielles en Palestine, Israël n'a plus aucun prétexte pour poursuivre sa politique d'exaction contre le peuple palestinien. ALM : Les élections présidentielles en Palestine se sont déroulées dans les meilleures conditions. Quelle lecture en faites-vous? Abou Marwane : Tout d'abord, c'est une excellente réponse aux accusations infondées du pouvoir et des médias sionistes selon lesquelles le peuple palestinien est incapable de s'autogérer et d'instaurer une véritable démocratie. La campagne médiatique israélienne présentait les institutions palestiniennes comme un modèle de l'anarchie. Aujourd'hui, toute cette stratégie de désinformation est tombée à l'eau. Non seulement il n'y a eu aucune irrégularité, mais les observateurs internationaux, présents sur place, ont salué le civisme des Palestiniens et leur sens de la responsabilité et de la discipline. Aujourd'hui, Sharon est le dos au mur. Rien ne peut plus justifier sa politique d'exaction menée à l'encontre du peuple palestinien. La deuxième lecture met en lumière l'espoir que ces élections présidentielles apportent à l'ensemble du peuple palestinien. Lors de sa campagne électorale, le frère Abou Mazen n'a pas proposé de rêves, au contraire, il a fait preuve d'un pragmatisme sans précédent. Justement, quels sont les principaux points de son programme? Il a insisté sur la lutte pacifique dans le respect total des droits inaliénables du peuple palestinien. La paix est donc l'un des piliers de son programme, dans le cadre de la légalité internationale, c'est-à-dire conformément aux résolutions des Nations unies, et à la feuille de route. Il entamera donc une nouvelle série de rounds de négociations avec les Israéliens pour permettre au peuple palestinien de vivre en paix dans un Etat souverain. Comment les Israéliens vont-ils, selon vous, se comporter avec Mahmoud Abbas, désormais détenteur d'une légitimité populaire? Je tiens à vous rappeler que le pouvoir israélien a tenté de perturber la bonne marche des élections présidentielles. L'ancien président américain, Jimmy Carter, présent lors des consultations, a personnellement contacté Sharon pour lui demander de laisser les Palestiniens se diriger vers les bureaux de vote et exercer leur droit de choisir leur président. Cela signifie qu'un président palestinien dotée d'une légitimité populaire dérange les calculs israéliens. A la suite de l'annonce des résultats, Sharon a sorti un nouveau stratagème. Il a affirmé qu'il était prêt à rencontrer le président Abou Mazen pour discuter avec lui les questions sécuritaires. C'est une proposition qui n'est pas innocente. Car avec Abou Mazen, Sahron devrait plutôt discuter les aspects politiques. Le volet sécuritaire doit être laissé aux sécuritaires des deux bords. En clair, Sharon commence à semer la zizanie pour faire avorter toute tentative d'instaurer la paix. En tout cas, l'autorité palestinienne a prévenu l'opinion publique internationale des desseins israéliens. Justement, quelle est la position d'Abou Mazen concernant l'aspect purement sécuritaire? Les positions d'Abou Mazen sont claires concernant la militarisation de l'Intifada. Pour ce qui est des relations entre l'Autorité et l'ensemble des organisations palestiniennes, y compris celles qui ont boycotté les élections présidentielles, Abou Mazen a été catégorique. La concertation restera de mise. Désormais, comment seront les relations entre l'Autorité palestinienne et les Etats arabes? Bien évidemment, elles continueront à être excellentes. Le frère Abou Mazen entretient de très bons rapports avec les différents chefs d'Etat du monde arabe. Justement, au Maroc, les milieux politiques ont accueilli avec beaucoup de joie l'élection d'Abou Mazen. SM Mohammed VI a envoyé une lettre à Abou Mazen pour le féliciter. Cette missive royale était pleine de sentiments nobles à l'égard du président de l'Autorité palestinienne. SM le Roi a rappelé, en sa qualité de chef d'Etat et de président du Comité Al Qods, qu'il ne cesserait pas de soutenir le peuple palestinien pour qu'il recouvre l'ensemble de ses droits légitimes. D'ailleurs, Abou Mazen organisera très bientôt une visite au Royaume du Maroc pour examiner avec le Souverain les derniers développements de l'affaire palestinienne et les perspectives d'avenir.