France-Russie. C'est l'affiche de la finale de la Coupe Davis 2002 qui débute ce vendredi à Bercy. Sur le papier, les Russes sont favoris même s'ils disputeront leurs rencontres en terre française. La France, tenante de la Coupe Davis depuis sa victoire sur l'Australie à Melbourne en 2001, aura fort à faire face à une équipe russe riche de ses individualités. Tenants du titre, les poulains de Guy Forget, qui tenteront de le conserver, en dépit des statistiques qui montrent que six des dix dernières finales ont été remportées par l'équipe qui se déplaçait. Et d'offrir à la France son 10e Saladier d'argent (son troisième en six ans). Mais les Tricolores n'auront pas la tâche facile contre les Russes Marat Safin et Evgueni Kafelnikov. A Paris, sur la terre battue du POPB, une salle qu'ils affectionnent, les deux anciens No1 mondiaux ont une occasion en or d'offrir à la Russie son premier titre après ses deux finales perdues en 1994 et 1995. Et si l'on se fie uniquement au palmarès des joueurs en lice, la balance penche nettement du côté russe. Kafelnikov compte à son actif deux titres du Grand Chelem (Roland-Garros 96 et l'Open d'Australie 99), tandis que Marat Safin, actuel numéro 3 mondial à seulement 22 ans, a déjà remporté l'US Open... Très talentueux, les deux hommes se sont entraînés séparément pour la finale, à Monte Carlo et à Kiev, et leur préparation n'a pas été des plus intenses, même si Kafelnikov affirme qu'il a passé plus de temps à l'entraînement la semaine dernière que pendant toute la saison. Cette attitude négligente ne surprend pas Guy Forget, qui reconnaît volontiers le potentiel supérieur des joueurs russes, mais qui compte sur l'esprit d'équipe et la volonté de ses joueurs pour contrecarrer la force de frappe adverse, ces vertus leur ayant déjà permis l'an passé de réaliser l'exploit d'aller battre les australiens sur le gazon de Melbourne. Tous - de Sébastien Grosjean à Arnaud Clément en passant par Fabrice Santoro, Nicolas Escudé et Paul-Henri Mathieu - n'ont de cesse de rappeler qu'ils se mettent avant tout au service de l'équipe. «Il y a leur sensibilité, leur intelligence, leur générosité, leur esprit d'équipe, leur amitié tout simplement, ou encore le respect des uns vis-à-vis des autres. «C'est tout ça qui fait notre force. De ce point de vue là, on est beaucoup plus fort que les Russes. Mais d'un point de vue potentiel, ils sont en revanche beaucoup plus forts que nous», analyse Guy Forget. «On va voir ce que cela va donner le jour J sur le terrain. «En Coupe Davis, il y a souvent beaucoup de surprises», explique Forget. «Il y a des vrais joueurs de Coupe Davis, des joueurs qui n'abdiquent jamais. Moi, j'ai la chance d'avoir dans mon équipe des garçons comme ça, prêts à tout donner sur le terrain pour chaque fois provoquer la surprise (…) De ce point de vue-là, on est beaucoup plus forts que les Russes». Cet état d'esprit et ces qualités ont d'ailleurs permis à la France de créer la surprise l'an passé sur le gazon de Melbourne contre la bande d'Australiens menée par le No1 mondial Lleyton Hewitt et de ramener le Saladier en France. Les Russes ne possèdent effectivement pas cet esprit de groupe. Safin n'hésite d'ailleurs pas à dire qu'il n'est pas très ami avec Kafelnikov, de six ans son aîné (22 et 28 ans). Leur préparation le démontre également puisqu'ils se sont entraînés séparément, qui à Monte-carlo, qui à Kiev - où Safin s'est ressourcé au retour du Masters de Shangai -, qui à Moscou - où Mikhaïl Youjny, le troisième homme, se refaisait une santé après des problèmes de dos. Autre problème de poids pour les Russes, Safin et Kafelnikov disputent à la fois les simples et les doubles, Youjny et Andreï Stoliarov n'étant là que pour jouer les utilités en cas de pépin. Sur la durée des trois jours et des matches en cinq sets, la fatigue peut peser lourd.