Mardi, le parti de Alassane Ouattara a retiré ses ministres du gouvernement pour dénoncer «les dérives du pouvoir» tandis que la France a envoyé son diplomate en chef s'enquérir de la crise ivoirienne. Le Rassemblement des républicains, la première formation opposante de Côte d'Ivoire, a déclenché ce mardi une crise gouvernementale aiguë en se retirant de l'Exécutif. Ce dernier, formé en vue de la «réconciliation nationale» prônée par le président Gbagbo en août dernier, s'est progressivement détérioré depuis le soulèvement militaire du 19 septembre. Exécutions sommaires, intimidations de plusieurs responsables politiques avaient été plusieurs fois rapportées, notamment à Abidjan. Le leader du RDR, Alassane Ouatarra, exclu de la vie politique ivoirienne pour «non-ivoirité soupçonnée, est lui-même réfugié dans les murs de l'ambassade de France de la capitale économique depuis le 20 septembre. Mardi, ses quatre ministres ont donc quitté leur poste, accusant la présidence de dérives, et surtout d'avoir mal géré la crise actuelle. Un revers politique de taille pour Laurent Gbagbo qui, malgré de nombreuses divergences, avait jusque-là affiché une unité gouvernementale – son parti, le Front populaire ivoirien étant majoritaire - face aux mutins toujours maîtres du nord du pays. Lundi, le ministre RDR des transports, Marcel Amon Tanoh, avait déjà démissionné pour protester contre la présence des «escadrons de la mort» qui multiplient «des viols, disparitions et assassinats» en toute impunité. Enlisée politiquement, la Côte d'Ivoire est entièrement paralysée et coupée en deux depuis plus de deux mois. Et devant ce blocage des pourparlers organisés à Lomé (Togo), le chef de la diplomatie française a entamé mardi une tournée de trois jours qui doit le conduire dans six pays d'Afrique de l'Ouest. Dominique de Villepin est attendu à Lomé, Abidjan, Ouagadougou, Bamako, Libreville et Dakar. Un voyage qui entre «dans le cadre des efforts actuellement menés pour trouver une solution pacifique, politique et négociée à la crise ivoirienne » selon le Quai d'Orsay. Une crise qui s'installe dangereusement dans la longévité, faute de volonté de part et d'autre pour la résoudre.