Cyclisme. Ne dépassant guère 1,70m, le regard timide, Abdelaâti Saâdoune a entamé son ascension vers les hautes marches du cyclisme national. Il vient de remporter son premier tour cycliste. Le Faso en l'occurrence. Portrait. Une journée ordinaire du mois d'août 2002 allait être cruciale pour l'avenir d'un homme. Abdelaâtif Saâdoune a essuyé l'un des plus durs revers que le sort réserve parfois à tout un chacun. Une malchance qui n'ébranle pas la volonté des plus obstinés, ambitieux et téméraires d'entre nous. Une mauvaise chance le poursuit tout au long de ces championnats arabes de cyclisme qui ont eu lieu en Alexandrie. Le jeune cycliste était pratiquement sûr de remporter le titre arabe. Il voyait la concrétisation d'un travail de longue haleine toute proche. Mais le sort en a voulu autrement. A cinq kilomètres de l'arrivée, alors qu'il était premier de la course, le coureur connaîtra deux pannes. Et pourtant, il franchira la ligne d'arrivée à la cinquième position, les larmes aux yeux certes. «Ce jour-là, j'ai juré de prendre ma revanche sur le sort», affirme-t-il. Ces larmes-là, de tristesse, se transformeront en larmes de bonheur dimanche 10 novembre à Ouagadougou. Abdelaâti Saâdoune remporte le maillot jaune du tour du Burkina Faso. «Au moment de franchir la ligne d'arrivée à Ouagadougou, je me suis rappelé ma déception en Alexandrie à peine trois mois plus tôt. Et j'ai souri», a-t-il ajouté. Né en 1976 à Settat, Saâdoune passera le plus clair de son enfance sur son vélo. Sa carrière connaîtra des hauts et des bas. Après une première saison en 1997 au sein de son club Lafarge, le jeune cycliste abandonnera les vélodromes non sans regret. «Je n'ai pu faire autrement. Des circonstances m'ont obligé à quitter la pratique du cyclisme momentanément», se souvient-il les yeux rivés au sol. Mais dès qu'on lui demande de parler de ses vrais débuts dans le cyclisme, c'est un autre homme qui s'empresse de répondre. Enthousiaste et passionné. Ces débuts-là datent de 2000, année où le jeune cycliste court sa première course officielle au Maroc. Ce sera à Marrakech. Et depuis, rien ne semble empêcher Saâdoune de monter à vélo et courir toutes les courses. Ce boulimique de cyclisme occupe la quatrième place au premier championnat du Maroc auquel il participait en 2000. Au second championnat de sa carrière, il réussit à grignoter une place et monte sur la troisième marche du podium. L'année qui sera à jamais marquée dans ses esprits est l'année 2001, au cours de laquelle il réussit à remporter 12 courses nationales. Il terminera la saison premier du Challenge de la Fédération Royale Marocaine de Cyclisme. Un trophée décerné au cycliste ayant réussi le plus grand cumul de points de la saison. Un trophée qui vise à motiver les clubs à participer au plus grand nombre de courses cyclistes partout au Maroc. En 2002, et ayant apporté son attention sur plusieurs compétitions continentales, il ne remporte que sept courses et occupe la troisième place au Challenge de la fédération. L'étoile de Saâdoune a donc brillé sur toute l'Afrique. Après une deuxième place par équipe au tour du Sénégal, la sélection nationale se classe première au tour du Burkina Faso. «Je m'attendais à ce que l'équipe nationale fasse un bon résultat au Faso. Ce n'était une surprise pour personne. Nous avons d'ailleurs entamé le tour en ayant pour objectif le maillot jaune pour l'un des nôtres ». Etait-il vraiment sûr qu'il allait l'endosser, ce fameux maillot jaune, le même que celui du Tour de France ? Saâdoune nous répond par un large sourire, qui en dit long sur la détermination de ce cycliste, qui pédale sur les traces d'un certain El Gourch, grand nom du cyclisme national.