Entretien avec Ouadih Dada, journaliste présentateur JT sur 2M ALM : «Imaginez si c'était vrai», vous vous adressez à qui particulièrement à travers ce titre ? Ouadih Dada : À travers ce titre je m'adresse, sans prétention, à tout le monde. C'est une sorte de slogan universel. Une manière de se dire qu'il suffit parfois de peu pour que l'univers qui nous entoure soit plus agréable et plus beau. C'est aussi une invitation à plonger dans le monde merveilleux de l'imaginaire. J'ai le sentiment que notre société s'interdit de plus en plus de rêver ; comme si elle avait peur de lâcher prise. Avec ce besoin épuisant et permanent d'être en prise avec la dure réalité de la vie. Or lorsqu'on se permet de prendre un peu le temps de respirer, de lever la tête, de regarder les choses sous un autre angle, de penser aux autres, d'avoir une approche positive, eh bien cela bouleverse complètement l'ordre établi. C'est ce que j'ai essayé de faire à travers ces chroniques qui commencent toutes par «Imaginez» et qui se terminent par «si c'était vrai ?!» ; d'où le titre. On sait que c'est un recueil de chroniques nées de votre contribution à la radio, mais pourquoi les avoir rassemblées dans un livre ? A l'origine je n'avais pas du tout l'intention de les publier. Il se trouve que le style et l'approche adoptés dans ces chroniques ont émergé au fil du temps. Et j'y ai développé naturellement le plaisir de jouer avec les mots. Je m'amuse à manier les tournures de phrases, les expressions populaires, les rimes ou encore les homonymies. Il se trouve qu'à l'oral, les auditeurs n'avaient pas le temps de percevoir toutes les subtilités du texte. Certains au sein même de l'équipe de la Matinale de Radio 2M m'ont alors incité à les coucher sur le papier. Ce qui n'a pas été évident dans un premier temps puisqu'il a fallu identifier les chroniques qui pouvaient surmonter les épreuves du temps. Avant ensuite de faire tout un travail de réécriture de manière à permettre à tout un chacun de comprendre ce dont il s'agit, y compris les personnes qui n'écoutaient pas forcément les versions radio. Est-ce le journaliste, présentateur de JT, qui parle ou serait-ce un nouveau profil de l'univers de la communication en général ? Lorsqu'on est venu me chercher pour contribuer à la Matinale «Oui mais Non», j'ai immédiatement saisi l'occasion avec la volonté de proposer quelque chose de différent. Je voulais quitter le costume du présentateur de journal télévisé que je porte depuis plus de 10 ans. Mais il ne s'agissait pas pour autant de changer de personnalité. A la radio ou à la télé je suis le même, seul l'exercice journaliste diffère. C'était donc l'occasion de dévoiler une autre facette de mes aptitudes professionnelles et de ma personnalité que je ne peux exprimer dans le cadre du JT. Lorsque vous présentez les infos, il y a un cadre et un ton très particuliers à respecter qui ne laissent pas de place aux points de vue décalés ou à l'humour. En revanche j'ai trouvé cette liberté à la radio, tout en veillant toujours à ne pas sacrifier le fond au profit de la forme. Quel que soit l'exercice de style, je reste un journaliste avant tout. Comptez-vous vous mettre dorénavant à l'édition au détriment de l'audiovisuel? La passion que je suis en train de développer pour l'écriture est la concrétisation d'un rêve que je nourris depuis l'enfance. Adolescent déjà j'avais entamé l'écriture d'un bouquin qui devait raconter le regard d'un jeune marocain de l'étranger de retour dans son pays pendant les vacances d'été. Mais je me suis arrêté en cours de route. Aujourd'hui cela se concrétise et je ne fais, d'une certaine manière, que marcher sur les traces de mes illustres modèles. En France, où j'ai grandi, beaucoup de journalistes publient. A commencer par Patrick Poivre d'Arvor, qui m'a communiqué l'amour pour ce métier. Tout ça pour vous dire que l'un n'empêche pas l'autre, bien au contraire. J'ai de nombreux projets de livre. D'abord un tome 2 d'«Imaginez si c'était vrai ?!» qui est déjà en préparation et qui paraîtra fin novembre. Avant cela je publierai un ouvrage consacré à la vie de mon ami Youssef Zouini, un Franco-marocain condamné à tort à 10 ans de prison par la justice française. Et puis au premier trimestre 2018, l'histoire de mes 10 ans au Maroc et à 2M en particulier. Sachant que j'ai déjà dans la tête une histoire un peu sombre, faite de morts mystérieuses et d'intrigues amoureuses, et qui se déroule dans un monde impitoyable à l'intérieur d'une chaîne de télévision. Imaginez si c'était vrai?! Propos recueillis par Fatima Missaoua