Irak. La prise de position de l'institution parlementaire est sans conséquences puisque la décision finale revient à Saddam Hussein. Dans tous les cas, la guerre semble inévitable. Les Parlementaires irakiens, réunis en session extraordinaire pour se prononcer sur la résolution 1441, exigeant le désarmement de l'Irak, n'ont pu arrêter une position lundi. Leurs palabres se sont poursuivies hier. Toutes les interventions versaient dans un même sens, dénoncer avec virulence un texte faisant office, d'après les députés irakiens, de «préambule à la guerre». La Commission parlementaire des affaires étrangères a carrément invité l'Assemblée irakienne à rejeter la résolution de l'ONU : «la Commission recommande le rejet de la résolution 1441 du Conseil de sécurité, conformément à l'opinion de notre peuple qui a placé sa confiance dans ses représentants», a déclaré devant l'assemblée plénière du Parlement irakien Salim Al-Koubaïssi, président de la Commission des relations des affaires étrangères. L'Assemblée, qui compte 250 députés, a été convoquée par Saddam Hussein lundi. Plusieurs orateurs ont dénoncé la résolution 1441. Le président du Parlement a déclaré que la résolution était « sournoise, provocatrice et servait de préambule à la guerre. Cette résolution cherche un prétexte à la guerre et non une solution globale. Elle cherche à créer une crise plus qu'une coopération et ouvre la voie à l'agression plus qu'à la paix», a déclaré Saadoun Hammadi. «Cette résolution viole le droit international et la souveraineté de ce pays. Elle montre de façon flagrante les mauvaises intentions de l'administration américaine», a-t-il ajouté. Pour les analystes, ce genre de discours ne prête pas à conséquences, puisque la décision finale de l'acceptation ou du rejet de la résolution onusienne revient au président irakien. D'ailleurs, l'Assemblée nationale irakienne informera de sa décision le Conseil du Commandement de la Révolution (CCR), la plus haute instance dirigeante en Irak, présidée par Saddam Hussein, qui décide en fin de compte. Saadoun Hammadi, a été clair à ce sujet : « Ce qui est proposé, c'est le rejet de la résolution de l'ONU en tant qu'expression du sentiment de la population irakienne et comme position envers les intentions néfastes de la résolution. Dans le même temps, le Parlement autorisera les dirigeants à prendre toute mesure qu'ils jugeront approprié pour défendre le pays. Le Parlement respectera la décision de la direction, quelle qu'elle soit», a-t-il précisé. En attendant la réponse irakienne, qui doit être impérativement rendue avant demain jeudi, les observateurs continuent à plancher sur l'ambiguïté de la résolution 1441, dont certaines clauses contiennent beaucoup de zones d'ombres. Exemple : «la résolution évoque bien un retour devant le Conseil de sécurité, mais ne parle pas de décision. Si les inspecteurs ne se heurtent pas à des difficultés majeures, et si Hans Blix, leur chef, au terme de deux mois d'inspections, présente un rapport faisant état de manquements irakiens ne justifiant pas la guerre, que peut faire le Conseil de sécurité : s'engager dans un nouveau processus diplomatique ? Pire, si le président irakien décide de jouer le jeu et se débarrasse de ses armes dangereuses, la conséquence devrait être la levée de l'embargo. Or, quelles garanties aurait-on qu'il ne recommence pas acheter de quoi s'en doter dans les années qui viennent ?», relèvent-ils. Ces questions existentielles ne trouvent pas de réponses convaincantes, pour le moment. À moins que les Etats-Unis n'aient décidé d'en finir une fois pour toute avec le régime de Saddam Hussein, désarmement ou pas.