L'émiettement de la carte politique s'est répercuté sur les résultats des législatives. La carte politique issue du scrutin donne le tournis. Des fortunes inégales… Cinq ans après, on peut dire que l'épreuve du gouvernement d'alternance n'a pas été vaine. Pour la conduite des affaires de l'Etat, le bilan du gouvernement Youssoufi est sujet à discussions. Au débat contradictoire. Mais pour les partis politiques, la leçon n'est pas la même. L'Union socialiste des forces populaires (USFP) a réussi sa mue. Sa transformation, de parti de l'opposition endurci pour devenir un parti qui gère les affaires publiques, ne s'est pas faite sans dégâts, le sixième congrès et le départ du groupe d'Amaoui en est l'illustration. Cela dit, après les cinq ans passés au gouvernement, l'USFP inspire confiance plus que par le passé, et reste en bonne position pour prendre une part conséquente à la gestion des affaires au sein du gouvernement de Driss Jettou. Ses ministres sortants et ses nouveaux ministrables sont bien en vue et on voit mal la non reconduction de l'USFP au Cabinet du nouveau premier ministre… Ce n'est pas le cas, malheureusement, pour le Parti de l'Istiqlal. Dirigé depuis des années par Me Abbas el Fassi, qui a hérité lors du remaniement du gouvernement Youssoufi, du portefeuille de l'Emploi, le vieux parti nationaliste paie les frais d'une politique défaillante de l'emploi et surtout l'escroquerie à l'emploi, perpétrée par la société émiratie Al Najat, mais orchestrée par le département en question et l'Anapec. Jamais depuis une vingtaine d'années, depuis surtout que les liens entre l'Istiqlal et l'USFP ont été renforcés, le parti de l'Istiqlal n'a vécu de moments aussi pénibles que ces dernières semaines. Des recrutements uniquement électoralistes ont été effectués, des mises à l'écart, des licenciements à peine voilés de journalistes… tout a été bon pour mener à terme une mission qui s'apparentait à une opération de sabordage du parti. On ne va pas jusqu'à dire que Me Abbas El Fassi avait pour ambition de malmener son parti, mais le résultat est le même et l'Istiqlal n'arrive plus à peser dans la négociation pour la formation du gouvernement. L'attitude de la galaxie harakie, celle des mouvements populaires, est plus construite, malgré le poids du passé et les sautes d'humeur du chef du MNP, Mahjoubi Aherdan. Pourtant, ce mouvement pèse lourd aujourd'hui et il a son mot à dire… En un mot, on peut dire que la mouvance populaire est sortie gagnante de l'expérience de l'alternance. Sauf qu'avec les problèmes de l'Union démocratique, une variante du mouvement populaire, et son indécision quant à la participation ou non à une alliance de la mouvance populaire, et avec la mauvaise performance du Mouvement démocratique et social, la galaxie populaire risque de perdre du poids si elle ne prend pas en compte toutes les données de l'après 27 septembre… Quant au Rassemblement national des indépendants, habitué aux arcanes du pouvoir et aux maroquins, il est clair que son passage au gouvernement ne l'a pas trop affecté. Son leader toujours incontournable mène comme il l'entend la barque du parti et son train-train quotidien. Même les problèmes liés aux journaux du parti ont été vite étouffés… Restent enfin les partis de l'opposition sortante, notamment l'UC et le PND. Les deux formations ont saisi la leçon des législatives : impossible de ne pas unir leurs élus et unifier leurs efforts pour pouvoir rester en vie et peser tant bien que mal sur le cours des événements. Le passage à l'opposition n'est pas facile et l'apprentissage devrait se faire non sans pertes. Le résultat est là. Au fait, suite aux législatives du 27 septembre, on s'est rendu à l'évidence : seul les islamistes du PJD sont sortis vraiment vainqueurs avec une percée impressionnante. Reste maintenant à savoir comment les uns et les autres vont gérer cette nouvelle transition qui succèdera à la période pilotée par Abderrahmane Youssoufi. Et c'est justement pour cette raison que les consultations de Driss Jettou tardent à aboutir.