A eux seuls, les frères Benyaich, Salah Eddine et Abdelaziz sont une parfaite illustration de la dimension internationale de la nébuleuse terroriste. L'un s'appelle Salah Eddine, alias Abou Moughen. L'autre est Abdelaziz. Ils ont en commun non seulement leur lien de parenté, puisqu'ils sont frères, mais aussi les combats qu'ils ont tous les deux menés aux côtés des Taliban. Normal qu'on les surnomme les «frères afghans». Mais le plus dangereux des deux, reste Abdelaziz, arrêté en juin 2003 à Algésiras par les Forces de sécurité espagnoles. Et pour cause, son implication dans les attentats de New York du 11 septembre 2001, mais aussi ceux de Casablanca. Ceci, au même titre que son frère Salaheddine actuellement emprisonné au Maroc. Une fin de parcours qui rappelle, même si elle est plus tragique, celle d'un autre frère à eux, Abdellah. Celui-ci a été tué en Afghanistan par les troupes américaines, en novembre 2001, lors du bombardement de Tora-Bora. Au cœur de l'enquête sur les attentats de Casablanca, les frères Benyaïch, surtout Abdealziz, semblent avoir été en contact avec les suspects de Madrid. Ils constituaient une passerelle entre les filières marocaines et d'autres groupes islamistes. Abdelaziz et Salah Eddine sont accusés d'avoir joué le rôle de « recruteurs » dans les quartiers populaires de Tanger. Une fonction qui s'ajoute à bien d'autres. Les deux frères avaient également combattu aux côtés de nombreux autres Moudjahidine, en Afghanistan, en Bosnie, en Tchétchénie et au Daghestan. Abdelaziz, a été arrêté sur demande marocaine. Agé d'une trentaine d'années, il a été appréhendé à Algésiras, où il séjournait depuis six mois, puis transféré à Madrid. Benyaïch aurait été dénoncé par un autre suspect français arrêté au Maroc, Antoine Robert, alias El Haj. Marocain d'origine et Français par son mariage, Abdelaziz Benyaich était déjà connu des services français. Il avait été interpellé par la Direction de la surveillance du territoire (DST, le contre-espionnage français) en février 2003 dernier, à son retour de Tchétchénie. Décrit comme un homme qui « voyage beaucoup », Benyaich était resté 48 heures en garde à vue (qui peut aller jusqu'au double en matières de terrorisme ou de stupéfiants), avant d'être remis en liberté, son audition n'ayant rien apporté. Mais il n'a pas tardé à tomber entre les filets de la justice. Au passage, il aura apporté la preuve qu'il existe un lien entre les attentats de New York, ceux de Madrid et de Casablanca.