La visite royale en Ethiopie représente un tournant majeur dans la politique étrangère avec de nouvelles conventions à la clé C'est une véritable révolution dans la diplomatie marocaine. Traditionnellement limitée à l'Afrique de l'Ouest, la politique étrangère marocaine couvre aujourd'hui l'Afrique de l'Est. La dernière visite royale en Tanzanie et au Rwanda mais également le récent périple du Souverain en Ethiopie s'inscrivent dans le cadre de cette nouvelle orientation. Dans ce sens, l'étape éthiopienne dans la visite royale représente un tournant. Les deux pays sont décidés à donner une nouvelle dimension à leur coopération. Concrètement, la visite royale s'est traduite par la signature de pas moins de sept conventions et accords bilatéraux public-public. Ils couvrent des domaines divers allant des services aériens, la coopération en matière fiscale à la protection des investissements, l'agriculture, en passant par les énergies renouvelables. La première convention de cette coopération entre l'axe Rabat et Addis-Abeba concerne un mémorandum d'entente sur la coopération économique, scientifique, technique et culturelle. La deuxième convention est un accord relatif aux services aériens alors qu'une troisième convention porte sur un mémorandum d'entente en matière de promotion du commerce. La quatrième convention tend, quant à elle, à éviter la double imposition et à prévenir l'évasion fiscale en matière d'impôts sur le revenu. La cinquième et sixième conventions sont relatives respectivement à un accord en matière de promotion et de protection réciproque des investissements ainsi qu'un accord de coopération dans le domaine agricole. Enfin, la septième convention est un projet d'accord de coopération dans le domaine des énergies renouvelables. Le secteur privé n'est pas en reste. Selon Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), le Forum d'affaires maroco-éthiopien, qui vient de se réunir à Addis-Abeba, avait comme objectif l'élaboration d'une feuille de route plurisectorielle englobant de nombreux secteurs à forte valeurajoutée dont les nouvelles technologies de l'information, les mines, l'énergie, le tourisme, l'agro-industrie, l'assurance et la formation professionnelle. Les entreprises marocaines comptent ainsi investir l'économie éthiopienne. C'est le cas pour le Groupe Holmarcom qui vient de signer un mémorandum d'entente avec la Commission éthiopienne pour l'investissement et BMCE Bank Of Africa, en vue d'accompagner le déploiement de son projet de transformation industrielle de fleurs. Cet accord tripartite porte notamment sur la création en Ethiopie d'une unité industrielle pour la valorisation des fleurs locales, via la production d'huiles essentielles et d'eaux florales destinées à l'export. Par ailleurs, la deuxième étape dans la visite royale concerne un pays ayant une dimension fortement symbolique dans l'imaginaire collectif des Marocains. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a entamé une visite officielle à Madagascar. Malgré l'éloignement géographique, ce pays est très connu au Royaume. En effet, les Malgaches avaient accueilli Feu SM Mohammed V lors de son exil forcé par le colonisateur français en 1954. Depuis cette date, les relations bilatérales ont connu une nouvelle étape. De nouvelles perspectives se présentent avec la visite royale. Une visite qui confirme la volonté marocaine d'aller de l'avant avec ses partenaires du continent pour garantir un développement durable de l'Afrique. Agriculture, le new deal entre le Maroc et l'Ethiopie La coopération maroco-éthiopienne donnera une place importante au secteur de l'agriculture. Selon Aziz Akhannouch, ministre de l'agriculture et de la Pêche maritime, l'accord de coopération maroco-éthiopienne dans le domaine agricole devra favoriser l'échange d'expertises entre les deux pays. Dans ce sens, une convention vient d'être signée. «Cette convention permettra aux deux pays de relever les défis qui se posent en matière agricole, notamment à travers l'intensification de la production agricole et animalière», a indiqué M. Akhannouch. La convention signée prévoit un échange d'expérience entre le Maroc et l'Ethiopie, notamment l'expertise accumulée par le Royaume dans le cadre du Plan Maroc Vert, a poursuivi M. Akhannouch, notant que les domaines de coopération concerneront les infrastructures hydro-agricoles, la valorisation des produits, la formation et la recherche.