Ils sont acrobates, contorsionnistes, danseurs et dramaturges… et ils offrent un spectacle hors du commun. C'est à Salé que se tient actuellement la 6ème édition de la Biennale Karacena. Il s'agit d'une rencontre entre les circassiens marocains, issus de l'école nationale de cirque «Shems'y», et d'autres étrangers, promettant au public local des spectacles qui défient la loi de la gravitation. L'événement de 10 jours poursuit ses «shows» jusqu'au 28 août. L'école «Shems'y», c'est là que tout commence «Le Festival Karacena est une rencontre qui permet aux lauréats de l'école nationale du cirque Shems'y de pouvoir s'affirmer dans le monde du spectacle, échanger les valeurs artistiques avec d'autres professionnels étrangers, apporter des nouveautés en termes de technicité créative et aussi consolider le contact avec le public marocain», explique Zakaria Benyamina, directeur des études de l'école nationale du cirque. Celle-ci ayant ouvert ses portes en 2009 a permis à un nombre de jeunes marocains de devenir circassiens professionnels interprètes. Quant aux formations déployées, elles adhèrent à trois programmes. «Le premier concerne la formation professionnelle, que reçoivent quarante élèves par promotion. Ces derniers peuvent provenir de deux niveaux scolaires: dernière année du collège ou niveau baccalauréat», explique Zakaria Banyamina. Et il ajoute qu'après les trois ans de formation, les diplômés deviennent soit «artistes de cirque interprètes» ou «animateurs d'atelier» pour les plus jeunes. Le passage par un casting est obligatoire avant d'intégrer les classes. D'après le pédagogue, le deuxième programme est consacré aux classes préparatoires, destinées aux jeunes souhaitant préparer le concours de sélection. La classe contient 80 personnes qui viennent s'entraîner, deux fois par semaine. Le dernier programme regroupe les enfants issus de l'Association marocaine des enfants en situation précaire (AMESIP). La formation déployée dans le cadre des trois programmes cités dessus est gratuite. «Des classes de loisirs sont réservées aux particuliers qui veulent inscrire leurs enfants pour les initier à l'art du cirque, ils s'agit là de cours payants», conclut Zakaria Benyamina. Après la formation, quelle insertion professionnelle ? On entend de plus en plus de troupes appelées aussi «compagnie» qui se distinguent. «L'école de cirque a permis à plusieurs lauréats de créer leurs propres groupes, comme la compagnie l'«Kolo colo» qui brille déjà à Casablanca», apprend-on du directeur d'études de l'école nationale du cirque. D'autres, selon la même source, préfèrent poursuivre leur parcours en solo. Comme le cas de Skizo Makhloufi, un circassien de 24 ans originaire de Salé. Pour l'artiste, la conception qu'ont les Marocains du cirque est confuse. «Quand on parle de cirque, les Marocains pensent automatiquement au cirque traditionnel, qu'il s'agit de numéros interprétés, entre autres, par des animaux et des clowns. Alors que le cirque marocain est une discipline contemporaine, il s'agit d'interprétations physiques qui racontent une vraie histoire», nous confie Skizo. En effet, le cirque contemporain marocain permet d'une certaine manière à plusieurs jeunes surtout dont les conditions de vie sont difficiles, de pouvoir externaliser plusieurs frustrations. Diplômés par l'école et reconnus par le ministère de la formation professionnelle, les circassiens marocains ont de moins en moins de mal à se faire connaître. Le Festival Karacena n'étant qu'une voie parmi d'autres pour les pousser vers l'avant. Maryem Laftouty (Journaliste stagiaire)