Depuis le 1er juillet, le sac en papier, qui remplace le sac en plastique, se fait rare. D'après certains consommateurs, l'alternative est diversifiée, certes, mais insuffisante pour répondre à tous leurs besoins. Toutefois, les quelques industriels qui assurent actuellement l'approvisionnement du marché en sacs en papier font face à une demande croissante de jour en jour. Sauf que la quantité livrée ne suit pas forcément ce besoin grandissant. Pénurie de matière première ou manque d'équipements ? ALM a mené l'enquête auprès des opérateurs du secteur... La pâte à papier est importée Les Marocains reprennent, tant bien que mal, leurs bonnes vieilles habitudes. Le sac en plastique interdit, retour au sac en papier. Sauf que l'alternative n'est pas aussi présente sur le marché que son prédécesseur, la fameuse «Mika». En effet, le changement a boosté toute une industrie, celle du sac en papier, considérée «discrète» auparavant. «Les industriels-transformateurs ont du mal à s'approvisionner en matière première», nous dévoile l'un des fabricants de sacs en papier qui assure actuellement l'approvisionnement de Casablanca et ses régions. Pour ce genre d'usines, la matière première est importée de pays européens, comme l'Italie ou l'Allemagne. Ces transformateurs de pâte à papier en sacs en plastique assurent également l'approvisionnement des sachets de pharmacie, et des sachets de pâtisserie. Toutefois, l'emballage réservé auparavant à la viennoiserie est celui qui est actuellement le plus convoité et le plus adéquat pour remplacer les sacs en plastique, selon la même source. Le transformateur confirme également que le volume de production pour ce type de produit a triplé depuis ladite interdiction. Il explique : «Avant la mise en application de la loi d'interdiction des sacs en plastique, nous importions la matière première tous les trois mois, actuellement nous passons commande tous les 15 jours. A savoir aussi que nous faisons face à de longs délais de livraison». De nouvelles machines pour les usines de papier D'autre part, des usines de fabrication de papier viennent en renfort. Elles confectionnent, outre leurs produits habituels, les «nouveaux sachets en papier», pour répondre à une demande non assouvie. Ces industriels, par contre, possèdent déjà la matière première, mais ne sont pas forcément «bien équipés». ALM a contacté l'une de ces usines. «Jusqu'à maintenant nous travaillons avec les anciennes machines qui nous servaient à fabriquer le papier d'emballage normal», nous confie le directeur de Med Paper, usine de fabrication de papier à Tanger. Et de poursuivre : «Malheureusement nous avons entamé les actions nécessaires en retard. Nous avions encore des doutes que la loi serait appliquée de manière ferme et définitive. On croyait que cela allait durer une période et que ça allait s'arrêter par la suite. Nous n'avions plus de visibilité à long terme mais on a attendu pour voir comment le marché allait muter pour nous procurer le bon équipement. On ne savait pas non plus quel type de sac en papier produire en quantité importante. Celui qui va vraiment remplacer les sachets en plastique : quel format ? Quel grammage ? …». D'après le fabricant, la loi a instauré la confusion au niveau des professionnels du domaine, chose qui a fait qu'actuellement, ils attendent toujours l'arrivage des machines spécialisées qu'ils ont commandées. En attendant, les grossistes s'acclimatent... Pour les distributeurs, le nouveau marché est encore instable. Certains grossistes achètent désormais leur marchandise (lot de sacs en papier) à la pièce au lieu du kilogramme. D'autres ont gardé les mêmes habitudes, et continueront à faire le trafic comme à l'accoutumée, malgré le changement de la nature du produit vendu. C'est le cas de Mokhtar, commerçant grossiste à Benjdia. Il explique : «Je me suis arrangé avec mon fournisseur. Je continue à acheter le sac d'emballage au kilogramme. C'est plus simple pour mes clients-distributeurs» . Mokhtar n'hésite pas à souligner que l'augmentation du prix de la marchandise ne semble pas décourager la demande en matière de sacs en papier. Au contraire, «les distributeurs s'empressent à s'approvisionner avant épuisement du stock. Sachant que le kilo de sac en papier est vendu à 25 DH au lieu de 20DH le prix du kilo de sac en plastique», indique-t-il. A noter aussi que la même quantité ne veut pas forcément dire le même nombre de pièces, le papier étant plus lourd que la «Mika». Maryem Laftouty (Journaliste Stagiaire)