Les Marocaines souffrent toujours de violence physique. C'est ce que révèle le premier rapport annuel de l'Observatoire national de violence à l'égard des femmes. Les femmes entre 18 et 45 ans en sont les premières victimes. Ce rapport est réalisé par le ministère de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social. Il se base sur des données recueillies des tribunaux, des établissements hospitaliers ainsi que des statistiques de la police et de la gendarmerie royale. à ce titre, trois types de violence sont dénoncés, à savoir : les violences physiques, les violences sexuelles et les violences économiques. Dans sa lecture globale de ce fléau, l'Observatoire a appelé à l'accélération de l'adoption du projet de loi contre les violences faites aux femmes, la prise en charge psychologique des femmes victimes de violences, et la mise en place d'indicateurs communs entre tous les secteurs dans le domaine. Zoom sur les principales conclusions du rapport. Violence menant à la mort : Ça grimpe ! Pour ce qui est de la violence physique, le ministère de la justice et des libertés, a relevé une hausse de 8,33 % entre l'année 2013 et 2014. Le même ministère a soulevé que les cas d'infirmités ne dépassant pas 20 jours sont les plus répandus avec un chiffre de 10.015 cas sur 20.541 de cas de violence physique, rien qu'au titre de l'année 2014. Sur la base de ces données, les hommes adultes sont responsables à 88,3% de ces cas de violences. Au niveau des recours en justice, le tribunal de 1ère instance de Marrackech comptabilise à lui seul 17,8% des cas, suivi d'El Jadida et Kénitra. Le rapport souligne que la plupart des cas enregistrés relèvent des provinces où le nombre de la population est relativement bas. Il en est de même pour les cas d'extrême violence. Pour les violences menant à la mort avec préméditation, le rapport alerte sur la hausse enregistrée à ce niveau qui atteint 10% entre 2013 et 2014, 55 cas en 2014. Un autre type de violence commence à prendre de l'ampleur dans la société marocaine. Il s'agit de la violence économique. Cette violence arrive au deuxième rang juste après la violence physique. Le ministère de la justice et des libertés est le seul organisme qui dispose de chiffres précis à ce sujet. Le département de la justice souligne dans ce sens que bien qu'elle soit méconnue, la violence économique constitue 5.218 des cas devant les tribunaux en 2014, soit 27% sur l'ensemble des recours en justice. Concernant les violences sexuelles, le viol représente une part de 80%. Le ministère de la justice indique, dans ce sens, que «cette forme de violence sexuelle est la plus répandue avec 6% des cas de violence en général en 2014». Le viol de plus en plus dénoncé Tout comme le ministère de la justice, le département de la santé confirme que le viol reste la forme la plus prépondérante des formes de violence. En l'espace de deux ans, le ministère de la santé a accueilli dans ses unités pas moins de 67,1% des cas sur l'ensemble des victimes. Les statistiques relevées auprès des établissements hospitaliers confirment également que 40,8% des cas de violences enregistrés entre 2013 et 2014 sont des violences physiques. Par répartition spatiale, le ministère souligne que 75% des cas déclarés appartiennent au milieu urbain, contre 25% dans le milieu rural. En effet, les actes de violence restent jusque-là non dénoncés dans les zones rurales. Et pour cause : les réticences liées aux traditions et aux non-dits ainsi que la difficulté d'accès aux soins dans les zones éloignées. Les sexagénaires ne sont pas épargnées Se référant au rapport de l'Observatoire, plus de la moitié des victimes de violence sexuelle sont âgées de moins de 30 ans. Mais même les femmes de plus de 61 ans n'ont pas échappé à cette forme de violence puisque 7,3% en sont victimes en 2014 contre 5% en 2013. En outre, la situation familiale est prise en compte. Pas moins de 53,6% des femmes célibataires sont victimes de violences sexuelles en 2014. De plus, les femmes sans emploi occupent fatalement la première place avec plus de 52,2% des victimes du même type d'actes, un chiffre qui a stagné entre 2013 et 2014. Même dans ce cas, la voie publique continue d'être le premier lieu d'agression sexuelle avec 66,4% en 2014. A la différence du milieu urbain, en matière de violence physique, le milieu rural ne compte que 4% provoqués par le mari, selon les données de la Gendarmerie royale citées par la recherche. Par contre, les cas de tentatives de viol et de viols représentent 96% des cas enregistrés, avec plus de 99% perpétrés par des hommes adultes. Les femmes mariées, les plus touchées Au niveau de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), 90% de femmes dénonçant des cas de violences sont victimes de violence physique, note le rapport de l'Observatoire national des violences à l'égard des femmes. Les femmes mariées sont celles qui subissent le plus cette forme d'atteinte à l'intégrité physique, soit deux fois plus que les autres catégories, suivies des célibataires, puis des femmes divorcées. En outre, 53,8% des plus touchées sont sans emploi. En revanche, les femmes ayant un emploi ne sont pas épargnées, puisque 16,7% d'entre elles ont eu recours à l'intervention des forces de police pour des cas de violence physique en 2014. Le rapport évoque également la voie publique comme étant le premier lieu d'agression physique envers les femmes, soit 53,7% des cas, suivie du foyer familial avec plus de 39%. Pour ce qui est de la violence conjugale, le rapport souligne qu'elle est source de 31,1% des cas enregistrés. Leila Ouchagour Journaliste stagiaire