L'échiquier politique marocain est plus mouvementé que jamais ces jours-ci. Les contacts et les concertations entre les formations politiques représentées à la chambre des représentants battent leur plein. La quête de la primature oblige. Tout le monde est unanime sur la neutralité de l'administration lors des législatives du 27 septembre. Pour la première fois, la transparence des élections est incontestée. Immédiatement après l'annonce des résultats, un autre processus est amorcé. Celui des calculs et des re-calculs des partis politiques, notamment ceux qui sont majoritaires. La chasse aux députés réfractaires a été ouverte presque en même temps que la saison de chasse du gibier sauvage. Le premier parti à avoir ouvert les enchères et les surenchères est le parti de l'Istiqlal, dont le leader n'a pas tardé à claironner partout que son parti sera grand majoritaire, après la récupération de certains députés qui ont quitté le parti pour n'avoir pas bénéficié d'une place comme tête de liste. Selon Abbas El Fassi, ces derniers ont été victimes d'une injustice ou d'une erreur partisane lorsqu'ils ont été oubliés lors de l'investiture des candidats. Après qu'ils ont acquis des sièges sous d'autres couleurs, le parti de l'Istiqlal envisage de les ramener au bercail afin de forcer le destin et obtenir cette majorité capable de le propulser à la primature. Comme un Premier ministre désigné avant les temps, M.El Fassi a effectivement entamé,dans les coulisses ou sur les balcons, des consultations et des tentatives de ralliement pour le moins surprenantes. Que le PI tendrait la main à des partis comme le MDS de Mahmoud Archane, ou encore le PND d'Abdellah Elkadiri était impossible même à imaginer avant les élections. Autant dire que le parti historique est prêt à s'allier avec le diable si cela le conduit à la primature. Car entre les affinités affichées avec le PJD et les manœuvres amorcées avec le Centre et la Droite, les observateurs ont du mal à concevoir la future «idéologie» de l'Istiqlal et sa stratégie pour orchestrer le prochain gouvernement. De l'autre côté de la carte électorale fraîchement établie par les urnes, on retrouve l'USFP, qui annonce, en grandes pompes, son alliance avec le RNI. Une manœuvre qui vise sans aucun doute à contrer en amont les velléités majoritaires, et par conséquent garantes d'un visa pour la primature, du PI. Par ailleurs, les contacts sont très animés entre le PPS, le PSD et Al Ahd d'un côté et l'USFP et le RNI de l'autre. Quant à la Mouvance populaire, le rapprochement entre le MNP de Mahjoubi Aherdane et le MP de Mohand Laenser paraît tout à fait naturel, comparé aux initiatives istiqlaliennes par exemple. Idem pour ce rapprochement entre l'UC et le PND. Visiblement, les manœuvres occultes qui rebondissent à travers certains politiciens à la conscience flexible ne font que ranimer le suspens à propos du prochain exécutif issu des urnes. Seulement, le mercredi 9 octobre, en après-midi, SM le Roi Mohammed VI a reçu au palais de Marrakech M.Driss Jettou, que le souverain a nommé Premier ministre.