Yasmina Benamour, docteur en sciences de gestion, administrateur directeur général de HEM ALM : HEM a opéré un renforcement de son Programme Grande Ecole l'an dernier. A-t-il porté ses fruits? Et comment s'est déroulée cette année scolaire 2015-2016 ? Yasmina Benamour : En effet, à l'occasion de l'entrée de IFC-Banque mondiale au capital de HEM, nous avons mis en place un plan triennal 2015-2017 incluant 3 axes. Le 1er axe était justement relatif au renforcement du modèle pédagogique «Grande Ecole» de HEM. Nos équipes d'ingénierie pédagogique ont travaillé sur un affinement et une consolidation de notre Programme Grande Ecole au niveau de ses contenus, méthodes et outils pédagogiques et ce, en tenant compte de la demande évolutive du monde de l'entreprise ainsi que des besoins et comportements nouveaux des jeunes générations. Le nouveau programme a été mis en place dès la dernière rentrée et les résultats semblent être tout à fait positifs. A titre d'exemple, le fait d'amener l'étudiant à saisir et à bien intégrer les éléments essentiels des cours en y introduisant désormais des séances régulières de synthèse, dite de «cristallisation», semble être une innovation pédagogique très utile et appréciée. Nous ferons réellement le bilan global de tous les changements en fin d'année. A propos de votre plan triennal 2015-2017, celui-ci englobe également le lancement d'une nouvelle université par le Groupe HEM. Où en êtes-vous ? Effectivement, le 3ème axe de notre plan triennal a trait au renforcement du Groupe HEM à travers le lancement d'une université professionnalisante : «Med Université-l'Université des Métiers». Celle-ci verra le jour à la rentrée 2016 dans la ville de Tanger, une fois l'autorisation légale obtenue. Elle représente un modèle d'université privée unique au Maroc dans le sens où il vise à démocratiser l'accès à une formation de qualité. Il allie ainsi bon enseignement et accessibilité financière (avec un système de crédit complémentaire) et s'adresse donc aux ménages dont les revenus sont plus modestes et qui aspirent à faire de bonnes études. Cette université vise à former un encadrement intermédiaire (middle management/Bac+3) à des métiers précis en phase avec les besoins économiques du Royaume (logistique, industrie, technico-commercial, comptabilité-banque-assurance...). Le modèle est complètement différent de celui de HEM Business School qui, elle, en tant que «Grande Ecole», forme des hauts cadres (Bac+5). Il est donc tout à fait complémentaire. Quelle place réservez-vous à l'action citoyenne et sociale au sein de HEM ? Une très grande place. Et justement le 2ème axe de notre plan triennal a trait au renforcement des activités para-pédagogiques et citoyennes de HEM. L'ensemble des actions et des événements annoncés a été tenu dans l'ensemble des campus HEM à travers le Maroc, à savoir les cycles de conférences, la série de double compétition de talents artistiques et de culture générale «HEM Art & Spirit» ayant touché plus de 600 lycéens, «Graine de Citoyen», grand concours de joutes verbales visant à développer l'esprit de citoyenneté chez les jeunes ainsi que l'ensemble des activités de la Fondation HEM incluant les cycles de l'Université Citoyenne. Pour rappel, il s'agit, pour cette dernière, de cours ouverts à tous, gratuits et donnant lieu à un certificat d'auditeur à toutes les personnes ayant assisté à plus de 80% des séminaires. A ce jour, nous comptons près de 34.000 inscrits et 4.700 certificats d'auditeurs remis au total. Quels sont vos critères de sélection pour les nouveaux étudiants qui intègrent HEM? L'entrée à HEM se fait par le biais d'un concours et ce, depuis sa création en 1988. Ce dernier est composé de 3 épreuves écrites (mathématiques, français et culture générale) et d'un entretien oral. C'est un «vrai» concours dans le sens où les dates sont fixées bien à l'avance et immuables. Il y a 2 sessions, l'une en juin, l'autre en juillet et il y a une session de rattrapage en septembre. Le concours est identique dans les 6 campus HEM et a lieu simultanément. HEM revêt une dimension internationale. Comment se matérialise cette notion au cours de l'année scolaire? L'ouverture sur l'international représente un choix stratégique pour HEM et se retrouve, tout d'abord, dans le contenu de l'ensemble de ses programmes. En effet, ces derniers se composent systématiquement d'un certain nombre de cours et de séminaires pleinement dédiés à l'international («Institutions et vie politique», «Géopolitique», «Grands débats d'actualité», etc.). Cette dimension d'ouverture est, en outre, prise en considération dans une grande partie des cours et ce, d'une façon générale. Enfin, la dimension internationale de HEM ne cesse, par ailleurs, de se développer à travers les conventions de coopération avec des institutions prestigieuses à travers plus d'une quinzaine de pays (France, Belgique, Allemagne, Angleterre, Etats-Unis, Corée du Sud, Afrique du Sud, etc.). Ces partenariats portent sur des échanges de professeurs et d'étudiants, sur des projets communs, des passerelles entre différents cursus et/ou des doubles-diplômations. Le corps enseignant de HEM est chaque année enrichi de plus d'une cinquantaine de professeurs étrangers provenant de différents établissements. Comment nourrissez-vous l'esprit d'entrepreneuriat de vos étudiants ? C'est un aspect fondamental à HEM. L'esprit d'entrepreneuriat est véhiculé à nos étudiants par différents canaux. A titre d'exemple, HEM a mis en place il y a quelques années ce que l'on appelle le «Prolib» («projet libre» ou «projet libérateur»). Il s'agit d'un projet transversal à caractère managérial, social ou citoyen que les étudiants doivent mener, en groupe, sur le terrain. Il est étalé sur une année universitaire, concerne les étudiants de la 1ère à la 5ème année et constitue une matière à part entière. Ainsi, au fil des années, le «Prolib» va amener l'étudiant à développer son autonomie, sa confiance en soi, ses relations humaines en dehors de HEM, son sens des responsabilités, à exercer des compétences, à développer sa créativité, à confronter la réalité du monde et à être en accord avec ses convictions en termes de citoyenneté et d'éthique. Bien évidemment, HEM propose, par ailleurs, dans son cursus un cours dédié à l'entrepreneuriat. Qu'en est-il de l'employabilité de vos lauréats? HEM mène chaque année une étude d'insertion de ses lauréats. La dernière étude relative à la promotion 2014 révèle que plus de 85% de nos diplômés ont trouvé un emploi dans les 6 mois suivant leur diplomation. Ce qui est excellent. HEM ouvre ainsi de très bonnes perspectives professionnelles, au Maroc comme à l'étranger, aussi bien dans le domaine industriel que dans le secteur des services : Banque, Finance, Assurance, Conseil & Audit, Communication et Publicité, Web, Médias, Télécommunications, Tourisme et autres. Certains diplômés, animés d'un esprit d'entrepreneuriat, créent également leur propre entreprise.