«Jours de fêtes au Maroc», est l'intitulé d'un livre d'Ilham Ibrahimi qui a été présenté, mercredi soir, lors d'une cérémonie organisée à Casablanca. Un ouvrage aux mille et un trésors d'une chercheuse qui ne veut pas voir disparaître les traditions ancestrales. Un ouvrage qui retrace un aspect très important de la vie culturelle et sociale au Maroc, à savoir les fêtes. Voilà une idée pour le moins ingénieuse et dont l'empreinte est signée par la chercheuse Ilham Ibrahimi. Un ouvrage intitulé tout simplement «Jours de fêtes au Maroc» et qui brille tant par l'originalité de l'idée que la rigueur de la démarche. Présenté mercredi dernier à Casablanca, cet ouvrage de 348 pages illustré de 425 photos (Editions ACR), relève que bien plus qu'un simple signe de convivialité, la fête incite les uns à se situer dans le temps et invite les autres, pour une journée ou plus, à se réconcilier avec la tradition. Symbole d'harmonie sociale et véritable soupape de sécurité, la fête présente des visages différents tant sur le plan religieux qu'au niveau économique ou esthétique et facilite la libération de certaines tensions liées à la vie sociale. Fruit de trois années de travail, cet ouvrage retrace les aspects historiques, sociologiques, culturels et religieux de la société marocaine. L'ouvrage est né d'une prise de conscience quant aux dangers, allant de la folklorisation et à la disparition pure et simple de traditions ancestrales liées à l'art marocain de faire la fête. «Je me suis rendu compte que les fêtes commençaient ces dernières années à perdre de leur charme, de tous les cérémonials qui les accompagnaient et qui faisaient leur richesse. C'est comme si on les bâclait. Mon inquiétude à cet égard a été le véritable moteur de cette recherche. Chose vécue, obéissant à des rituels, la fête a quelque peu échappé à toute transcription de ses différentes facette. Un vide que j'ai tenté de combler», déclare à ALM une Ilham Ibrahimi passionnée aussi bien par sa recherche que par les véritables découvertes qu'elle a faites au passage. « Travailler sur le livre m'a permis de découvrir des aspects, des symboliques et des dimensions que j'ignorais. L'ouvrage m'a également replongé dans ma propre enfance, mes propres souvenirs». Un voyage dans un passé pas si lointain qui permet de saisir d'abord les valeurs communes à la fête au Maroc à savoir, la solidarité, l'hospitalité et l'esprit de famille. Des valeurs qui se perdent au même rythme que les rituels même si une fête en est une. «Ce qui est en train de se perdre, c'est tout ce qui accompagne la fête. A commencer par les préparatifs et les rassemblements. Prenons les fêtes de mariages par exemple, qui faisaient l'objet de réunions familiales qui duraient des semaines, et avant même que la fête ait lieu. Aussi, on assiste à la disparition pure et simple de certaines traditions festives, comme celle de Boujloud, qui avait lieu lors de la fête du Sacrifice», explique la chercheuse. D'autant que l'amalgame, faisant du patrimoine traditionnel en matière de fête une manifestation d'ordre folklorique commence à s'installer. Ceci, alors que c'est de notre identité, de ce Maroc profond et d'une symbolique sociale qu'il s'agit. «Au lieu de se contenter de présenter certaines fêtes comme des événements exotiques, au risque de susciter le rejet des autres, il faut les comprendre et aider les autres à les comprendre. Voir par exemple toute la philosophie qui se cache derrière la fête du sacrifice, c'est aider les autres à ne pas voir en eux que des égorgeurs de moutons», ajout-t-elle. Véritable invitation au voyage, ce livre ambitionne donc non seulement de rendre hommage à des traditions millénaires, mais aussi de briser les murs d'incompréhension, d'intolérance et de stupidité humaine incitant à l'exclusion.