La liste PJD a enlevé deux sièges dans la circonscription de Casa-Anfa, réputée jusqu'ici être un îlot de prospérité de la jet-set de la capitale économique. C'est la fin des illusions. Casa-Anfa n'est pas ce que l'on croit. C'est-à-dire la circonscription où habite la jet-set casablancaise. L'issue du scrutin législatif du 27 septembre a tordu le cou à cette image d'Épinal. Ici, la liste du PJD est venue en tête puisqu'elle a remporté deux sièges (Rachid Mdaouar et Abdessamad El Hiker ) avec 26568 voix, soit 24,08% des suffrages exprimés (110313). Le deuxième, l'USFP Khalid Alioua, a obtenu, lui, 21853 voix, soit un taux de 19,81%. Avec 2713 voix, Abderrahim Lahjouji, leader de Forces Citoyennes, n'avait aucune chance d'être élu. Pour l'être, il fallait réunir sur sa liste un minimum de 9772 voix. C'est le score obtenu par Yasmina Baddou, de l'Istiqlal, qui lui a permis de décrocher le cinquième et dernier siège à pourvoir dans cette circonscription. Ce schéma électoral est plein d'enseignements. Le quartier cossu d'Anfa est un îlot de prospérité ceinturé par un océan de misère symbolisé par les bidonvilles. Qui dit habitat insalubre dit manque d'eau courante, d'électricité, d'hygiène. Avec son armée de chômeurs et de desperados. C'est dans ces zones démunies que le PJD a fait le trop-plein de voix. D'ailleurs, la carte électorale du PJD à l'échelon national se recoupe parfaitement avec le Maroc des marginalisés :Tétouan, Tanger, Salé, Casablanca, Kénitra, Larache, Asilah, Safi, Méknès, Errachidia Taroudant, Beni-Mellal, Nador, Oujda, Fès. On savait que le petit monde des riches cohabitait avec le grand monde des laissés-pour-compte. Mais ces deux mondes cohabitaient sans se rencontrer. Ils sont toujours dans cette situation. Sauf que les résultats législatifs à Casa-Anfa éclairent désormais d'un jour nouveau cette réalité amère que beaucoup faisaient mine de ne pas voir soit par inconscience ou par indifférence. Comme une dent infestée par la carie, Anfa est truffée de grosses poches de précarité. Dans un pays où le malaise social croit plus rapidement que la prospérité, il convient de voir le visage d'Anfa dans les années à venir. Autrement dit, nous sommes en face d'une alerte sérieuse. Elle invite à la réflexion et surtout à la réaction. Aux citoyens avertis et aux partis qui se réclament de la démocratie de juguler la poussée islamiste en prenant leurs responsabilités. Chacun est censé savoir ce qu'il a à faire.