Dans un état lamentable, les larmes aux yeux, il rentre au commissariat de police de la sûreté Laâyayda, préfecture de Salé. Il demande le chef qui l'accueille pour écouter sa plainte. Il se plaint d'avoir perdu sa fille, encore mineure, âgée de dix-sept ans. Il précise qu'elle a été kidnappée par un homme. Il révèle en détail les traits et les signalements du ravisseur tout en leur indiquant son adresse située au quartier Oued Eddahab, à Laâyayda. Bref, le père connaît bien le ravisseur qui semble avoir dix-neuf ans! Une remarque qui n'a pas échappé au chef de la brigade qui martèle le père de questions. Mais en vain. Le père précise qu'il s'agit d'un kidnapping. Sans perdre la moindre seconde, les éléments de la brigade criminelle de la PJ de Laâyayda se sont dépêchés sur le domicile du présumé ravisseur. En le demandant, ils le trouvent. «Où est la fille ?» Lui demande l'un deux. Sans hésitation, il répond qu'elle est à l'intérieur de sa chambre à coucher. Tous les deux montent dans le fourgon de la police qui les conduit au commissariat. «L'as-tu kidnappée ?», lui demande l'enquêteur. La réponse était négative. Cet adolescent de dix-neuf ans explique aux enquêteurs qu'il entretenait une relation amoureuse avec cette mineure depuis belle lurette. Elle avait juste quinze ans quand il est tombé amoureux d'elle et lui en avait dix-sept. Depuis, ils ne se sont jamais séparés. Bref, ils s'aiment follement. «Je me suis présenté chez ses parents pour la demander en mariage. Mais, ils ont refusé», affirme-t-il aux limiers de la PJ de Laâyayda. Certes, les parents de la mineure ont refusé prétextant qu'un proche qui demeure à Chaouen l'a déjà demandée en mariage. C'est du moins ce que la fille explique aux enquêteurs tout en confirmant qu'elle l'aime et qu'il ne l'a pas kidnappée. «Je l'ai accompagné de mon plein gré», précise-t-elle aux enquêteurs sans manifester le moindre regret de sa disparition. Elle a ajouté aux limiers qu'elle a décidé de rester en sa compagnie jusqu'au jour où sa famille changera d'avis et accepte qu'ils se marient. Interrogeant le père, ce dernier semble avoir tort à propos de sa version de kidnapping. Car, il révèle aux enquêteurs qu'après le séjour de sa fille chez son bien-aimé, il n'avait qu'un seul choix : porter plainte contre celui qui a détourné complètement sa fille et l'accuser de kidnapping. Bien que l'adolescent sollicite encore de lui permettre d'épouser sa bien-aimée, le procureur du Roi décide de le maintenir en détention préventive et le poursuivre pour détournement d'une mineure, attentat à la pudeur, suivi d'une défloration.