De nombreuses attaques continuent de coûter la vie aux soldats de la coalition, de plus en plus critiqués sur la question des armes de destruction massive irakiennes. La Maison Blanche et Downing Street font grise mine. Trois mois après la chute du régime irakien, Washington comme Londres n'en ont pas fini de vouloir justifier une guerre à laquelle s'est opposée la majorité de la communauté internationale… et qui pose encore aujourd'hui de nombreuses questions. En tête, la présence supposée d'armes de destruction massive en Irak, qui a servi de casus belli aux partisans de la guerre, mais que les troupes sur le terrain tardent à découvrir ! Certes, Tony Blair comme George W. Bush continuent de clamer haut et fort que l'enquête prendra du temps, les services de Saddam Hussein les ayant « dissimulé » avant le retour des inspecteurs en désarmement de l'ONU en novembre 2002. Mais leur entourage respectif semble de plus en plus persuadé que les informations fournies ou utilisées avant le déclenchement du conflit, le 20 mars, étaient erronées ou mal interprétées. Pour l'administration américaine, la polémique concerne surtout la question de l'achat supposé d'uranium par Bagdad au Niger et d'autres pays africains. Cette accusation avait été portée en janvier dernier par le président Bush lors de son discours sur l'état de l'Union… sur la base des services de renseignement britanniques. Aujourd'hui, plusieurs de ses proches déclarent qu'elle n'avait pas lieu d'être ! Pire, le secrétaire d'Etat américain à la Défense a déclaré mercredi que la guerre n'avait pas été lancée en raison de nouvelles preuves sur les ADM. « Nous avons agi car nous voyions les (anciennes) preuves sous une nouvelle lumière dramatique, à travers le prisme de notre expérience du 11 septembre » a indiqué Donald Rumsfeld. Autrement dit, de l'aveu même de ce faucon de la Maison blanche, c'est parce que les Etats-Unis se sont sentis plus vulnérables au lendemain des attentats que l'Irak a été attaqué ? « Les Etats-Unis n'ont pas choisi la guerre. Saddam Hussein l'a fait. Pendant 12 ans, il a violé 17 résolutions des Nations Unies sans aucun coût ni aucune conséquence », a assuré M. Rumsfeld. Côté britannique, la question n'est pas moins polémique. L'ancien secrétaire du Foreign Office est même revenu à la charge jeudi en répétant qu'il ne croyait pas que les forces de la coalition trouveraient d'importants stocks d'armes de destruction massive en Irak. Sur BBC, au cœur d'une vive controverse sur ce dossier avec Downing Street, Robin Cook a estimé que la menace représentée par Bagdad n'était pas « crédible »… Tony Blair a pourtant assuré mardi, lors d'un entretien accordé à plusieurs journaux européens, que les ADM seraient trouvées. Selon la BBC, plusieurs membres du gouvernement douteraient cependant que ces armes soient présentes en Irak… Loin de cette polémique, les troupes américaines continuent pour leur part d'être la cible de plusieurs attaques qui ont entraîné la mort de trois de leurs soldats et en ont blessé un autre mercredi soir. Un militaire a été tué et un autre a été blessé à Tikrit, à 180 km au nord de Bagdad, dans un assaut à la roquette anti-char. Dans une autre attaque à Mahmoudiyah, au sud de la capitale, deux soldats ont été tués par des tirs d'armes légères lorsqu'ils ont été pris dans une embuscade. Depuis la fin de la guerre, le 1er mai, 77 soldats américains ont trouvé la mort en Irak, dont près de la moitié au cours de ce genre d'attaques.