Un séminaire organisé mardi à Casablanca a réuni experts, personnalités politiques et animateurs de la société civile, qui ont tous souligné la sous-représentation des femmes dans la vie politique nationale. Les partis politiques sont appelés à donner l'exemple en matière de démocratie interne et d'équité envers leurs propres militantes. Les femmes politiques ont été sauvées par le gang d'un quota imposé par la force de la loi du code électoral. Sinon les courageuses militantes auraient été englouties, encore une fois, sous le joug de la puissance mâle lors des élections législatives. C'est la règle d'une mentalité figée qui fait de la femme politique un simplement ornement pour décorer la façade des partis. L'intérieur est plus sombre quand on fait le décompte du nombre infiniment réduit des femmes qui occupent des postes importants dans les différents organes des partis. Leur nombre aussi réduit soit-il n'a pas augmenté sensiblement depuis l'indépendance, en dépit de la rhétorique entretenue à jet continu par les leaders sur une pseudo égalité entre les hommes et les femmes. Les partis les plus ancrés dans la marche de la démocratie marocaine continuent à utiliser un filtre dans leur direction pour que les hommes mènent le bal avec une majorité écrasante. Curieusement ce sont les nouveaux partis qui donnent plus de chances aux femmes pour accéder aux structures dirigeantes. Par contre ceux qui ont longtemps accaparé l'appellation des forces démocratiques restent terriblement à la traîne dans l'émancipation de la femme politique. Les chiffres sont tristement éloquents puisque depuis l'indépendance jusqu'en1993, aucune femme n'a pu accéder à l'enceinte du Parlement. Aux législatives de 1984 seules 16 femmes se sont présentées en tant que candidates, mais aucune d'elles n'a remporté un siége. Il a fallu attendre les élections de 1993 pour que la gent féminine soit représentée par deux parlementaire sur les 36 candidates : Badiaa Skalli (USFP) et Bennani Smires(PI). À peine 0,6 % d de l'ensemble des élus. La législature suivante de 1997, la représentativité de la femme n'a pas évolué d'un iota. Seulement deux femmes sont élues sur les 87 candidates : Badiaa Skalli et Fatima Belmoudden (USFP). Soit encore 0, 6 % du total des députés élus. Le soir du 27 septembre, elles seront au moins 30 femmes à accéder à la députation par la seule grâce d'un quota salvateur. Au moins, car plusieurs partis présentent des femmes comme têtes de liste dans des circonscriptions en dehors de la liste nationale réservée aux femmes. La plupart d'entre eux sont des partis nouvellement crées et c'est le FFD de Thami El Khyari qui remporte la palme dans l'émancipation de la femme politique. Le dernier de la classe qui ne présente aucune candidate, hors liste nationale, est curieusement l'USFP d'Abderrahmane Youssoufi. C'est le comble pour un parti progressiste qui a longtemps milité pour la promotion sociale, économique et politique de la femme. Encore faut-il rappeler que pendant les années de plomb, beaucoup de ses militantes ont connu les affres de la prison et de la torture. C'est à se demander si la loi n'a pas établi ce quota, discriminatoire par ailleurs envers la femme, le parti socialiste aurait-il oser s'aventurer avec 30 femmes comme tête de liste ? Il est vrai que le branle-bas de combat qui a opposé les ténors au moment de l'investiture des candidats a influé sur le choix des femmes dans cette bataille des hommes. Mais il demeure inconcevable que l'USFP cède le pas devant le FFD qui présente cinq femmes comme tête de liste dans des circonscriptions aussi importantes comme Agadir, Tanger et Rabat. Amina Banana affronte les hommes à Chtouka Ait Baha, le médecin Aziza Addi se mesure avec les ténors à Rabat Océan. L'ingénieur Najat Houssini a osé s'aventurer en province en se présentant dans la circonscription de Midelt Lakbab. Mounia Hajji Zahi pharmacienne de son état est décidée à percer dans la circonscription de Tanger Beni Makada où tout est difficile à gérer. Tout comme Aicha Lahjoui qui ne quitte pas son domaine de l'agriculture pour briguer un poste dans la riche région du Gharb à Sidi Kacem. Thami Khyari en homme subtil et avisé n'a pas fait dans les détails puisque les femmes ont largement droit de cité dans ces élections. Le nombre total des femmes frise en effet les deux tiers de l'ensemble des candidats avec six femmes émanant du bureau politique et dont la moitié n'est pas tête de liste. Khyari a fait le plein dans l'équité en partage du pouvoir entre hommes et femmes. C'est tout à son honneur. Mais la plus grande surprise nous vient de deux partis très conservateurs qui présentent des femmes comme tête de liste. Il s'agit du parti de l'Istiqlal qui roule aves les locomotives de trois femmes: Yasmina Baddou à Casa-Anfa, Najat Belkhoua à Beni Mellal et Hachouma Omari Alaoui à Tissline (Sgharna).Le PJD qui prône l'islamisme modéré confirme cette tendance en présentant Fatima Belahcen à la circonscription El Fahs Beni Makada de Tanger. En investissant un quartier réputé difficile, le parti islamiste reste fidèle à sa ligne populiste. Il y aura une autre femme à Tanger qui représentera l'alliance démocratique Libérale (ADL). Le Mouvement populaire (MP) aborde ces élections avec deux têtes de liste au féminin : Saadia Ouajine(Oued-Zem) et Latifa Badoui à Zouagha Moulay Yacoub. Le parti de la gauche socialiste unifiée(GSU) n'a pas encore arrêté sa liste mais déjà Farida Boujalal est confirmée à Khenifra. Le parti des Forces citoyennes de Lahjouji n'est pas du reste puisqu'il engage trois femmes tète de liste dans cette course à la députation : Touria Tazi (Fida Derb sultan), Leila Balafrej (Rabat Agdal) et Zhour houti ( Fes). La liste n'est pas exhaustive pour la représentativité féminine sauf pour l'USFP qui n'a ouvert que la liste nationale pour ses militantes.