En elle-même, l'idée de 100 000 départs volontaires à la retraire ne peut que rendre la fonction publique plus compétitive. Mais au fond, ce plan ambitieux se heurte encore au problème du financement. A en croire un proche du dossier, le décret est encore sous couveuse jusqu'à la mi-novembre novembre. Mais les pronostics vont déjà bon train. Le gouvernement de Jettou a mis tout au point pour que les départs, quelque 100 000 fonctionnaires, se fassent de manière bien étudiée. Le projet, s'il survit au casse-tête du financement, contribuera à l'allègement de la masse salariale qui atteint désormais 62 milliards de dirhams. Si beaucoup d'analystes voient dans cette opération un coup de poing, la planche du salut pour l'équilibre des budgets futurs, il n'en demeure pas moins, qu'en raison des nombreuses zones d'ombre entourant le projet, l'hymne n'est pas encore à la joie. L'heure est encore aux spéculations et aux interrogations dans le rang des premiers concernés, les fonctionnaires. Quelles sont les échelles concernées ? quelle formule d'encouragement au départ sera mise en avant ? Pour le ministre des Finances en revanche, à supposer le gué du financement de l'opération franchi (la Banque mondiale aurait donné son visa), il restera toujours l'équation de la réussite. L'on se rappelle la dernière du genre, une opération annoncée tambour battant et qui devait alléger la fonction publique de quelques 20 000 fiches budgétaires. L'échec a été retentissant, puisque le nombre de départs n'a même pas atteint les 1 000. Aussi dans cette opération, les concepteurs ont beaucoup amélioré les méthodes d'approche. Plus question de cible, la formule concerne tous les fonctionnaires. Au risque, lâche un observateur averti, de ne pas pouvoir établir de prévisions en termes de résultats comptables. Impossible, ajoute-t-il, de savoir à l'avance les économies de budget qui résulteront de l'opération. Pour huiler la machine, les indemnités de départ seront revues à la hausse. Au mois retenu dans le défunt programme, l'on passe, dans le nouveau, à un mois et demi de salaire par année de travail avec un plafond de 36 mois. Sera-t-il suffisant pour pousser les fonctionnaires au départ ? En tout cas, ils n'auront pas le temps d'y réfléchir. Seulement douze mois, soit toute l'année 2005, pour prendre une décision. Tout porte à croire que le gouvernement Jettou veut boucler l'opération assez vite, en raison des contraintes budgétaires. Mais le projet qui figure bien dans la loi de Finances repose sur un plan de financement pas encore bouclé. D'où d'ailleurs l'avis émis dans certains milieux économiques, selon lequel, l'annonce de ces départs en retraite, est à tout le moins prématurée. En tout cas, l'idée en elle-même est attrayante, puisque d'une part elle allège le budget, d'autre part, les fonctionnaires candidats au départ sont assurés de s'engager dans une autre vie avec une pension de retraite. Reste à savoir comment vendre cette mesure à un monde syndical très rétif en général sur toute allusion au départ volontaire. A ce niveau, la communication sera décisive.