Souad Chaouki est la seule musicienne marocaine à jouer du quanoun. Elle fait son apparition chaque après-midi pendant ce mois de Ramadan. Elle présente au public des extraits de ce noble instrument. Portrait. Qui est cette femme qui apparaît chaque jour à la deuxième chaîne marocaine vers 17 heures 30 avec son quanoun ? Cette question doit trotter dans l'esprit de plusieurs spectateurs. Cette dame n'est autre que Souad Chaouki, l'épouse du compositeur virtuose marocain Ahmed Chaouki. L'a t-il influencée dans le choix de sa carrière ? Apparemment pas de manière directe, puisque c'est sa mère que l'a inscrite au conservatoire de musique pendant les années 50. «Ma mère était une passionnée de musique, elle voulait tant me voir pratiquer un instrument, et pas n'importe lequel, elle m'a conseillée de choisir le quanoun». Ainsi, née en 1945 à Casablanca, elle ne tarda pas à choisir le chemin de la musique en parallèle à ses études. Sa maman fut pour beaucoup dans ce choix et dans cette orientation vers la musique. Ce fut au départ très difficile pour sa famille de l'accepter. Il a fallu braver tous les préjugés. Une femme qui joue d'un instrument c'était mal vu. Mais malgré cela, aidé par la volonté puissante et solide de sa mère, elle entra au conservatoire de musique. Mais elle n'aurait jamais deviné qu'un de ces jours, elle allait faire de la musique sa carrière. Ainsi, après une année assidue de cours de solfège au conservatoire municipal de Casablanca, elle opte pour la cithare comme instrument. «J'ai suivi le désir de ma mère et je lui en suis très reconnaissante». Ces années de solfège se sont bien déroulées. «J'étais la première de la classe en solfège et idem pour l'instrument». C'est ici, qu'intervient Ahmed Sliman Chaouki, son mari. Mais avant d'être son époux, il fut d'abord son professeur de musique. Elle avait recours à son aide, car son professeur initial n'était pas tellement pédagogue! Ahmed Chaouki, par contre, lui faisait aimer le qanoun. Elle adorait assister à ses cours. «Il avait une capacité à nous faire aimer la musique, c'était un plaisir de l'avoir comme professeur». C'est de cette manière que Souad Chaouki poursuit le chemin du qanoun; elle excellait dans ces cours et s'engageait corps et âme dans cet apprentissage. Son professeur qu'elle épousa par la suite, parle d'elle d'un ton vif qui laisse ressentir une certaine fierté. «Elle fut une excellente élève, elle a obtenu en 1965 le premier prix d'interprétation du Quanoun de «la classe du génie». Et d'ajouter : «Elle est la seule femme à obtenir ce diplôme». Ahmed Chaouki parle de sa femme avec vivacité. Et pour cause, le quanoun est un instrument très difficile dans son genre. «Il possède des cordes très fines, et les changements de gamme sont très ardus, il faut le faire avec soin, sinon, on risque de louper le son voulu», explique Souad Chaouki. Celle-ci possède également une autre corde à son arc. En parallèle à sa carrière de musicienne, cette dame à la cithare, vaque également à d'autres occupations telles l'enseignement de la musique. Une autre fierté de Souad Chaouki. «J'aime enseigner aux enfants la musique, c'est une façon pour moi également de me ressourcer et de partager mes compétences avec autrui». Cependant, il semblerait que peu de gens arrivent au bout de l'enseignement de la cithare. En effet, cet instrument requiert beaucoup de patience. C'est pour cette raison, que peu de gens s'investissent dans cet apprentissage compte tenu de ses multiples difficultés. Il n'empêche que le quanoun, appelé également cithare, est un instrument noble. Il possède également plusieurs vertus. C'est un remède. Dans ce sens, Souad Chaouki ne manque pas de déclarer également que certaines cliniques à Casablanca font écouter aux patients ses CD. «Les patients trouvent du repos à travers ma musique, cela les calme et peut même les guérir». Enfin, pour ce qui est de la dernière nouveauté de Souad Chaouki, elle compte éditer un ouvrage sur « comment pratiquer la cithare ». Une façon de rendre à cet instrument l'hommage qu'il mérite et les vertus qui lui reviennent.