La proportion des femmes dans la population active ne cesse d'augmenter. Mais leur travail demeure sous-estimé et souvent saisonnier, partiel ou à domicile. Le Centre d'études et de recherches sur la femme de l'université sidi Mohammed Ben Abdallah vient de publier une étude sur le travail des femmes. Dans cette étude, le Pr Raja Mejjati de la faculté de droit de Fès indique que la proportion des femmes dans la population active ne cesse d'accroître. Et pourtant, leur travail demeure sous-estimé et souvent saisonnier, partiel ou à domicile. Entre 1982 et 1997, le taux d'activité des femmes âgées de plus de 15 ans est passé de 23,3% à 32,5% en milieu urbain alors que celui de la population masculine a évolué de 0,6%, atteignant ainsi 75,5% en 1998. L'étude révèle qu'en dépit d'une féminisation de la population active, le chômage des femmes en milieu urbain est en progression constante entre les années 1980 et 1990. En 1990, le taux est de 20,4% en milieu urbain, contre 14,2 % pour les hommes. A la fin de 1998, il est évalué à 26,1% pour les femmes contre 18,2% pour les hommes. Cette croissance du chômage féminin, souligne le Pr Mejjati, est liée en grande partie à la nature du système productif dont la caractéristique principale est d'entretenir la précarité de l'activité féminine, sous la forme d'une main-d'œuvre occasionnelle circulant entre les pôles formel et informel. Par conséquent, la baisse des effectifs féminins depuis 1982, ajoute-t-elle, a touché les principales professions, les industries et le commerce à l'exception des services. Et de souligner que le chômage des femmes continue à affecter en particulier les jeunes entre 20 et 24 ans, même si une légère baisse est constatée depuis une décennie, 36% en 1984 et 33,9% en 1997, précisant, que les taux de chômage croissent avec les niveaux d'instruction car la situation des femmes diplômées du supérieur est beaucoup plus problématique. S'agissant de la montée des formes non salariales féminines, l'auteur estime qu'elle est une caractéristique de la pauvreté des femmes sur le marché du travail, puisque 41,7% des femmes actives sont des aides familiales contre 16,9% pour les hommes, avec des proportions encore plus significatives en milieu rural. Et de relever que le travail à domicile reste exclusivement réservé aux femmes. Pour ce qui est du travail indépendant, l'étude montre que les travailleuses indépendantes sont très présentes dans les activités de services, de commerce, d'artisanat que dans les activités de production. Dans le secteur de l'industrie, seules 39% sont salariées, comparativement à 69,6% des hommes. La plupart travaillent comme ouvrières. Les femmes spécialisées dans les services représentent une proportion moins importante, mais constituent la deuxième catégorie, 33,4%, avec les activités mal désignées. Très peu d'entre elles accèdent à des postes exigeant diplômes et qualification, à l'appareil administratif, 8,9%, et l'accès demeure timide aux professions techniques, scientifiques et libérales. L'examen des données montre que les années 90 restent marquées par une chute de la salarisation dans l'industrie et un gonflement sans précèdent des activités de services.