Le quotidien financier Financial Times a publié mardi un article dans lequel il estime que les investisseurs saoudiens procèdent à des retraits énormes de leurs fonds placés aux Etats-Unis. Les analystes et économistes ne sont pas unanimes quant à leurs véritables motivations. Un vent de scepticisme a soufflé sur la City de Londres, principale place financière européenne, à la suite des rumeurs de retrait par des hommes d'affaires saoudiens de leurs fonds investis aux Etats-Unis. Le quotidien financier Financial Times (FT) qui a rapporté l'information explique l'attitude des Saoudiens par l'aggravation des tensions entre les deux pays pendant ces derniers temps. En effet, le montant des fonds retirés est estimé à une valeur oscillant entre cent et deux cents milliards de dollars. Un chiffre énorme, comparé au montant global des investissements saoudiens dans ce pays, variant entre 400 et 600 milliards de dollars. Dans une déclaration à FT, Youssef Ibrahim, chercheur au «Council on Foreign Relations», un institut de recherche américain, impute ce retrait à la diffusion par les américains de propos anti-saoudiens, et l'appel au gel par la justice américaine des fonds saoudiens placés dans le pays. La réaction des investisseurs saoudiens ne pouvait se manifester autre que par un retrait massif avant que la main de la justice ne les touche. A l'heure actuelle, la crainte des Saoudiens en question ne se matérialise pas par une fermeture de leurs comptes ouverts dans des banques du pays de l'oncle Sam, mais par le transfert d'une bonne partie de leurs fonds, essentiellement vers des comptes européens. Information que les banquiers de la City réfutent en assurant que «les plus gros investisseurs saoudiens n'ont pas encore rapatrié leurs fonds», lit-on au FT. Les analystes de la City expliquent le retrait d'une autre manière. L'éventualité que les investisseurs saoudiens cherchent à diversifier la géographie de leurs placements pour amoindrir les risques n'est pas à écarter selon ces mêmes analystes. Au lendemain de la publication par le FT de ces informations, les avis n'ont pas tardé à foisonner sans qu'il versent toutes dans le même sens. Ainsi, des économistes jugent le chiffre annoncé par FT exagéré en expliquant que le dollar serait bien plus faible par rapport à s'il y avait eu des transferts de fonds massifs. Aussi, selon Jeremy Batstone, économiste à la maison de courtage Natwest Stockbrokers, «s'il est en train de se passer quelque chose en ce sens, c'est vraisemblablement sur une très petite échelle car cela ne se voit pas sur les marchés boursiers et des changes européens», a-t-il déclaré au Fiancial Times. Ce même journal va jusqu'à anticiper les risques et périls que peut susciter une division entre les deux pays, l'Arabie-saoudite et les Etats-Unis en l'occurrence. «Oussama Ben Laden voulait un conflit entre l'Amérique et l'Islam. Il voulait que les troupes américaines se retirent des lieux saints d'Arabie Saoudite. Le danger est qu'il obtienne ce qu'il recherchait», écrit un éditorialiste du journal en question. Et d'ajouter: «George W. Bush doit se demander s'il est réellement dans l'intérêt des Etats-Unis de s'aliéner l'Arabie Saoudite aujourd'hui alors qu'il est déjà engagé dans une confrontation avec deux autres puissances de la région: l'Irak et l'Iran». Le président américain semble ne pas tenir compte de ces considérations et aller jusqu'au bout dans ses accusations à l'encontre de ce pays islamique.