Tout le monde a été, est ou sera célibataire. Alors que certains le vivent comme un malaise social d'autres y voient un mode de vie assujetti à leurs besoins ne cessant de rappeler que célibataire ne rime pas avec solitaire. La vérité sur la vie en solo au rayon hommes. A 35 ans, Kamal est toujours célibataire, et visiblement, ça ne l'incommode guère: «j'ai un travail très prenant et une vie sociale bien remplie, le mariage risque de me nuire plus que de me faire du bien». Un travail très prenant ou une relation de couple peu concluante, le célibat semble être imposé par les circonstances, et commence souvent sans être décidé, le tout est de savoir le gérer, comme l'affirme, désabusé, ce cadre financier, 32 ans, divorcé : «On devient célibataire du jour au lendemain, après on le vit bien ou mal». En effet, ce qui est considéré comme un drame par les uns, pour d'autres est un art de vivre, une preuve d'indépendance voire du dandysme. Bachir en a parfaitement conscience, chaque fois qu'un voyage d'affaires ou qu'une mission à l'étranger se présentait, il était le premier sur la liste : «mes collègues, tous mariés, ne pouvaient s'éloigner trop longtemps de leurs nids» explique-t-il. Grâce à son célibat, Bachir la trentaine à peine dépassée, a rapidement grimpé les échelons, il est aujourd'hui à la tête d'une importante agence R&D. Pas une once d'envie ou de jalousie ne se fait sentir chez nos «solobataires» épanouis, au contraire, ils ne sont prêts à échanger leur statut de célibataires pour rien au monde. «Je fais ce que je veux, quand je veux» martèle cet ingénieur, d'ailleurs, nombreux sont ceux qui avancent cet argument de liberté inconditionnée. Que font donc ces fanas de la vie en solo et comment occupent-ils leurs journées et leurs soirées ? Ils sont partagés entre le travail, le sport et les copains, ils hantent les clubs, les cafés, restos et autres lieux huppés ou non. Ils s'amusent, se cultivent, débattent, militent, dansent, chantent… Leur vie est agrémentée de fous rires, de livres, de sorties, de téléphones, beaucoup d'amis et souvent de conquêtes et autres aventures sans lendemain… Ces solistes tirent beaucoup d'avantages de leur situation et l'investissent dans leur épanouissement et leur bonheur, pour eux le célibat est une opportunité salvatrice, ils ne s'en plaignent pas le moins du monde ni ne cherchent à s'en justifier. «Pourquoi prétendre ne pas avoir trouvé la perle rare alors que le mariage ne me dit tout simplement rien» avoue ce jeune informaticien de 28 ans au grand désespoir de sa mère qui espérait le voir fonder un foyer. «Je n'ai pas envie de me marier pour faire plaisir à mon entourage et ma famille, je suis bien comme ça, je ne vois pas pourquoi je changerai» scande-t-il. L'entourage est certes peu confiant à l'égard de ces jeunes «loups», souvent taxés de frivoles, de coureurs de jupons et autres qualificatifs plus ou moins injustifiés. La vie à deux est toujours le modèle de référence, un label de qualité gravé dans l'inconscient collectif, pour la plupart des gens, le mariage est le garant de bonnes mœurs, et d'une bonne conduite. Nabil n'en est pas si convaincu : «ceux qui disent qu'ils vont se «ranger» ou se tenir à carreau après le mariage sont souvent hypocrites» Pour ce jeune, le mariage n'est pas forcément une institution moralisante, il ne doit pas non plus être vu comme une obligation ou une nécessité pour laquelle on fixerait des conditions d'age, de niveau scolaire par et autres critères. «On décide de rompre avec le célibat suite à un déclic, lorsque l'on est face à une personne et qu'on se dit avec conviction :c'est elle». Jamal a un autre point de vue, pour ce fonctionnaire de 33 ans, l'institution maritale a perdu toute sa valeur. Avec l'augmentation des taux de divorces et d'adultères, il préfère vivre seul plutôt que de mener une vie imparfaite à deux : «je suis un homme comblé sans être marié, et ce n'est pas par manque d'opportunités, j'ai eu affaire à des filles formidables, mais je ne suis pas fait pour le mariage». Hamid, hommes d'affaires, la quarantaine à peine révolue, est presque étonné de se voir poser la question : «Pourquoi je ne suis pas marié ? et pourquoi le devrais-je ? j'ai une vie riche et pleine sur tout les plans, sexuel y compris… les enfants vous dites ? ah non, je n'ai pas cette fibre maternelle, et si certaines femmes sont prêtes à se marier uniquement pour avoir des enfants, moi je n'en ressens pas le besoin.» Allons-nous vers une nouvelle génération d'hommes célibataires, et donc de femmes sans maris, diront certains ? Sommes-nous en face à une nouvelle révolution ? Le célibat est-il une menace pour notre société ? Les points de vue et les argumentaires sur le sujet divergent, certains rejettent l'idée du mariage d'autres ne nient pas y penser de temps à autres mais en attendant, ils préfèrent être seuls plutôt que mal accompagnés. • Fatima Zahra Hamil