L'armée américaine a annoncé mercredi l'arrestation de deux ex-dignitaires irakiens. Une maigre consolation devant les attaques auxquelles font face ses troupes sur le terrain. Mercredi, trois mois jour pour jour après la chute de la capitale irakienne, la situation sur le terrain continuait d'être critique pour les troupes américano-britanniques. Une seule bonne nouvelle pour la coalition : l'arrestation de deux responsables de l'ancien régime figurant sur la liste noire établie par le Pentagone. Le Centcom a annoncé que Mizban Khodr Hadi, responsable régional du Parti Baas et membre du Conseil de commandement de la révolution (CCR), s'est rendu de lui-même mardi aux troupes américaines de Bagdad. Toujours selon le Commandement central, l'ex-ministre de l'Intérieur, Mahmoud Diab al-Ahmad, a pour sa part été capturé le même jour dans un lieu non précisé. Pendant ce temps, la traque de Saddam Hussein se poursuit. Pour le reste, le quotidien des occupants reste toujours aussi précaire. Durant la nuit de mardi à mercredi, des inconnus ont tiré des roquettes sur le QG des forces américaines, en plein centre de Falloujah, sans faire de victimes. Dans cette ville sunnite située à 50 km à l'ouest de Bagdad, les violences sont quasi-quotidiennes depuis la fin officielle de la guerre, le 1er mai. Mardi, sept GI's ont aussi été blessés lors d'une autre attaque au lance-roquettes à Kirkouk, au nord. Ces assauts sont-ils pour autant commandités par des membres de l'ancien régime ? Sont-ils tout simplement le fait d'une population exaspérée ? Les messages attribués à Saddam Hussein ont-ils un effet sur ce mouvement de guérilla ? Mardi, le deuxième enregistrement supposé du dictateur déchu a été diffusé par la chaîne satellitaire libanaise LBCI. «Arabes, Kurdes, Turcomans, Chiites, Sunnites, Musulmans et chrétiens, votre mission principale est de chasser les envahisseurs en unifiant vos rangs », y déclarait le raïs. Un précédent message, diffusé vendredi par la chaîne qatarie Al-Jazeera, a quant à lui été authentifié en début de semaine par la CIA. L'ancien président y affirmait se trouver en Irak pour mener la guerre sainte contre les «mécréants ». Quand ces messages ont-ils été enregistrés ? Le mystère reste total à l'image de la confusion qui règne dans le pays. Mercredi, un groupe de recherches américano-britannique a par ailleurs annoncé que la guerre menée par les Etats-Unis et leurs alliés, entre le 20 mars et le 1er mai, avait fait au moins 6.000 victimes civiles. D'après les statistiques du Iraq Body Count (IBC), basées sur les informations des médias et de plus d'une dizaine d'enquêteurs indépendants, le nombre de ces morts s'établit entre 6.055 et 7.706. «Washington et Londres ont tous deux affirmé qu'ils prenaient toutes les précautions pour minimiser le nombre de victimes civiles et ont beaucoup parlé d'armes de précision intelligentes», a déclaré un chercheur d'IBC, John Sloboda. « A partir de là, chacun était en droit d'attendre une guerre propre avec très peu de victimes, mais je ne qualifie pas 5.000 à 7.000 de très peu. Il est évident que les affirmations de la coalition étaient des affabulations politiques », a-t-il poursuivi, interrogé par Reuters. Un autre mensonge, une autre manipulation ? Les motifs de guerre avancés par la coalition, notamment la présence d'ADM en Irak, tout comme le déroulement même du conflit comportent décidément beaucoup de zones d'ombre.