En période de paix, nous sommes déjà insidieusement atteints par la puissance de feu espagnole, par la contre-bande, mais, pendant la guerre, ça va être horrible avec des dommages collatéraux incalculables. La torpeur estivale qui s'annonce et les bruits de bottes espagnoles ne doivent pas nous faire oublier que malgré tout cela, et ce n'est pas rien, les élections législatives auront bien lieu à la date prévue. Même s'il y a la guerre avec l'Espagne pour un caillou symbolique, on prendra quand même le temps d'aller voter. Un cessez-le-feu de 24 heures permettra aux citoyens, survivants, d'aller accomplir leur devoir avant de retrouver, chacun selon son statut, le front ou les abris. Mais la guerre risque d'être atroce et sanglante. Des Ibères en colère sont capables de tout. Les pires carnages. Et les plus grosses atrocités. Ils déploieront tous leurs moyens, et ils sont larges si on y ajoute le soutien logistique de l'OTAN et le financement de l'UE. Tous ces gens-là réunis, même s'ils ne réussissent pas encore à créer de la richesse, du développement ou de la vraie coopération en Méditerranée, ils peuvent nous casser rapidement la gueule, plus vite que le déblocage d'un programme MEDA ou la conclusion d'un accord de pêche, si un de leurs membres voit son statut de puissance coloniale un tantinet ébréché par un caillou. Ils sont forts. Vous imaginez les dégâts. Toutes les villes marocaines bombardées par des B52 à la sangria à déflagration. Des tirs de missiles de castagnettes à doubles perforations. Des navires de guerre pilonnant les villes côtières à coup de paella à destruction massive. Des commandos marines parachutés dans nos campagnes, dotés de mitrailleuses lourdes chargées de chorizo et de Jérez bien frappée. Des largages, sur une très large échelle, de savonnettes et d'eau de Cologne bon marché. Tout y passera, y compris des colis piégés de tapas bien assortis. Nos tagines et nos couscous, même aux 7 légumes, montés sur des vecteurs balistiques puissants ne feront pas la parité. Non, l'affaire est mal engagée, si la FAO ou le PAM n'interviennent pas. En période de paix, nous sommes déjà insidieusement atteints par la puissance de feu espagnole, par la contre-bande, mais pendant la guerre, ça va être horrible avec des dommages collatéraux incalculables. Imaginez-vous des colonnes de Marocains blessés sillonnant les routes, victimes d'excès de Jérez bien frappé et de tapas biens assorties, en proie à des douleurs atroces à la suite d'overdose de paella valenciana , sourds de souffrance à la suite d'une longue exposition aux bruits de castagnettes, sur un titre, par exemple, comme djobi-djoba. Non, c'est affreux. Il faut dire non à la guerre. Et surtout pas d'eau de Cologne espagnole. C'est pire que Tchernobyl. Il va falloir plusieurs siècles, au moins sept, pour en neutraliser les effets et les effluves. Maintenant, il faut demander à Ana de Palacio, ministre espagnole des Affaires étrangères, et une femme de caractère nous a-t-on dit, de se rapprocher, si elle le peut, de Mohamed Benaïssa, son homologue marocain, pour revoir le menu des hostilités. Ni les Marocains, ni les Espagnols ne sont prêts à passer à table. Ceci étant, nous sommes disposés à faire des gestes d'apaisement : laisser extrader Abdeslam Baraka, notre ex-ambassadeur à Madrid rappelé à Rabat pour une affaire de cuisine interne, la cause de ce conflit, car il n'a pas bien réussi sa tambouille, et quitter le caillou en le remettant en état, c'est-à-dire vide. Mais, en contrepartie, ils nous rendent sous 24 heures Sebta et Mellilia. Sinon, on risque de s'énerver. Et quand nous on s'énerve, on sort les cornes de gazelles, les briouates, le thé à la menthe, les troupes d'élite de la musique andalouse et surtout notre porte-avion «La Mamounia», un des plus puissants actuellement en service dans le monde avec une force de feu gastronomique jamais égalée. Les Espagnols n'ont qu'à bien se tenir. Sinon, ça va être leur fiesta.