Les retrouvailles de Mohand Laenser et Mahjoubi Aherdane, les frères ennemis du Mouvement populaire, avec Abdelkrim El Khatib, augurent d'une large alliance dans le camp populiste. D'autres formations voient en l'islamisme politique une force incontournable. Des interférences qui vont à l'encontre du progrès, de la modernité et du pluralisme. Le dimanche 7 juillet n'est pas un jour comme les autres dans la vie politique nationale, voire internationale. Car c'est la première dans le vaste monde de la politique planétaire qu'un parti membre du gouvernement signe une alliance avec un parti de l'opposition. Visiblement, cela semble invraisemblable dans la déontologie politique, inimaginable et irréalisable. A moins que cette alliance contre –nature ne produise une scène politique marocaine en ébullition, comme elle l'est devenue à la veille des élections. Et c'est effectivement ce qui s'est passé ce dimanche à Salé quand les deux frères ennemis, le Mouvement populaire et le Mouvement national populaire, se sont ralliés pour le meilleur et pour le pire. La cérémonie était aussi irréelle que l'hérésie politique qu'engendre une entente entre un parti gouvernemental et un parti de l'opposition. L'acte signé entre le chef de tribu MNP, Mahjoubi Aherdane, et Mohand Laenser, chef d ‘une fraction dissidente de la même tribu, rentrera dans les annales de l'incohérence et du non –sens. D'autant plus qu'un intrus s'est sciemment faufilé entre les deux chefs pour cautionner ce pacte et certainement en vue d'en préparer un autre encore plus incohérent. Le secrétaire général du Parti de la justice et de développement (PJD), Abdelkrim Khatib, n'était certainement pas là pour une photo de famille. Car ce vieux briscard, muni de sa diplomatie islamiste, est venu certainement prêcher la parole figée dans la mouvance des deux mouvements. Le cocktail de la bêtise humaine et politique a atteint son paroxysme dans une configuration politique nationale atrocement défigurée. Le vieux loin de l'Atlas, Mahjoubi Aherdane, a certainement oublié sa mémoire dans la montagne pour pactiser avec son rival tribal et son opposant politique. Ce faisant, il a mis son parti dans une imposture qui n'a d'égal que la position aussi inconfortable qu'inconcevable d'un gouvernement où il siège avec un double rôle : celui de l'allié et de l'opposant. Jamais les valeurs humaines et politiques n'ont été mises à mal par une entente aussi invraisemblable que celle qui lie dorénavant le MP au MNP. L'approche des élections législatives pourrait-elle, à elle seule, justifier cette myopie politique où Aherdane et Laenser naviguent à contre-courant de leurs alliances ? Il ne faut pas oublier que le MNP de Mohand Lanser a versé , par ce pacte, dans le même reniement des valeurs que son nouveau ami Aherdane. Sauf oubli ou omission, le MP est toujours du WIFAQ qui faisait bloc contre la Koutla et aujourd'hui contre le gouvernement. Si le rassemblement du courant positif (+) du MNP et le courant négatif(-) du MP, est perçu comme coalition ordinaire, c'est que toutes les extrapolations sont possibles sur l'échiquier politique national. On peut par exemple réunir l'USFP, le PJD et l'UC sur un même plateau sans heurter les sensibilités de leurs militants. On peut aussi mettre l'Istiqlal , la GSU, les Forces citoyennes ensembles sans le moindre heurt. Si on suit le raisonnement d'Aherdane, mais aussi celui de Laenser, on peut jouer avec toutes les compositions possibles autant que le permettent les 35 partis existants. La seule constance qui n'étonnerait personne, c'est le dénominateur commun que constitue le parti islamiste du PJD. Ce dernier est devenu le chouchou de la classe politique à tel point que tout un chacun l'invite à s'asseoir à la même table. Ce n'est donc pas étonnant que le parrain Abdelkrim Khatib ait donné sa bénédiction à l'alliance MNP-MP en assistant à la cérémonie de mariage. La polygamie n'est pas loin quand on mesure l'applaudimètre qui a fonctionné dès l'arrivée du chef du PJD devant les militants des deux partis. Non, franchement il y a comme un vent de folie qui emporte la classe politique nationale dans les ravins de l'obscurantisme. Quand des partis dits du progrès et de la modernité commencent à courtiser des fantômes adeptes de la Borqua et du négativisme total, c'est qu'il y a péril en la demeure. Ce qui gêne aux entournures , c'est que cette alliance contre-nature et bien d'autres en gestation n'écœurent plus personne. Aucune voix ne s'est élevée pour demander la démission des ministres représentant le MNP dans le gouvernement alors que ce parti s'est carrément jeté dans les bras de l'opposition. Comme si cette défection était un acte ordinaire en usage dans tous les pays et chez tous les partis politiques du monde démocratique. A moins que le mode de scrutin par liste ait semé autant de confusion dans les esprits de nos politiques qu'ils l'ont confondu avec la liste constituée de partis politiques. Ce serait un drame. Comme qui dirait s'allier avec le diable.