Abdelmajid Bouhzam est un peintre immigré en Espagne. Il exerce son art à Murcia où il intéresse de plus en plus des amateurs de peinture. A 42 ans et malgré les péripéties troublées d'une vie de bohème, AbdelMajid Bouhzam garde le sourire. Un sourire calme, quoique parfois amer. En 1989, Majid décide de quitter le Maroc pour l'Europe. Les yeux de Majid brillent encore quand il se souvient de cette époque : «On ne demandait pas de visa aux Marocains qui passaient le détroit de Gibraltar». La valise de Majid était en fait son visa particulier, une sorte d'identité personnelle que personne ne pourra lui enlever. «Passez, dit le douanier espagnol, passez ! Vous êtes artiste!» Majid est un passionné de peinture. Il ne vit toutefois pas de son art. Le défi qu'il s'est fixé redouble son ardeur dans le travail. «J'ai fait beaucoup de petits boulots mais je n'ai jamais abandonné la peinture.» Majid a fait une rencontre décisive dans sa vie, celle du peintre José Maria Falgas. Une amitié s'installe entre les deux artistes. Grâce à ce peintre originaire de Murcia, Majid va occuper un travail à temps partiel. Il peut enfin se consacrer à la peinture. En peinture, Majid s'intéresse à tout. Il a peint la cathédrale de Murcia, les plages de la Manga, région de Cartagéna. Dans son art, Majid mêle le réel et l'abstrait. Il porte également un regard personnel sur les objets archéologiques. Il a ainsi peint des ustensiles qui datent du 12 ème siècle, époque de gloire de la culture arabo-andalouse. Grâce à ses peintures, Majid exhume les objets des musés à la lumière du jour, une façon comme une autre pour caresser une mémoire commune. Quand on lui demande que représente la peinture pour lui, il rit : « Je n'ai pas de famille, pas d'enfants, rien. La peinture, c'est ce qui me fait exister. Vous ne pouvez pas savoir à quel point je ressens du plaisir face à un tableau ou un portrait surtout s'il est réussi. Du plaisir !» Un tableau de Majid représente deux personnages d'un âge avancé : un couple marocain. Les deux regardent la mer, ils fixent l'horizon. «Ils attendent leurs fils, parti en Espagne !», dit Majid en souriant. Dans ce tableau se reconnaitront plusieurs Marocains de l'Espagne. • Rachid Mountasar Murcia