La démocratie n'est pas seulement une question de dispositif et de garde-fous juridiques, elle est aussi et surtout tributaire d'une véritable volonté politique. Qu'attend le peuple marocain des élections prochaines ? A cette question simple, mais combien importante pour le pays, toute réponse hasardeuse, hésitante ou indécise ne pourrait que porter préjudice aux intérêts du pays. Le peuple marocain s'apprête, à n'en pas douter, à vivre une nouvelle étape de son évolution. Une étape qui soit en phase avec la transition démocratique qu'il connaît depuis le début des années quatre-vingt-dix du siècle dernier, et qui tient à sa fin, pour entrer de plain-pied dans la phase de la démocratie tout court. Une étape qui se doit d'être conforme à cette nouvelle conjoncture qui se distingue, depuis bientôt trois ans, par la succession de SM Mohammed VI sur le trône, avec tout ce que cela implique en termes de réformes entamées sur les plans économique, social, culturel et politique. Le commun des mortels au Maroc s'attend donc à ce que l'on efface de sa mémoire, et à jamais, cette image de Procuste qui confectionne à sa guise la carte politique du pays, qui crée sur mesure les partis politiques en leur dictant les stratégies qui conviennent à ses propres desseins et qui rejettent tous ceux qui adoptent des positions qui ne lui plaisent pas. En bref, il y a lieu de voir se lever à jamais la main invisible qui tisse la vie politique du pays. Par conséquent, le commun des mortels s'attend à ce que les prochaines élections se déroulent dans la transparence et l'intégrité; conformément à la volonté de SM le roi. Bien entendu, pour arriver à cette fin, tout un dispositif a été mis en place, à commencer par l'adoption d'un nouveau mode de scrutin et de deux votes, dont l'un sera spécifié aux femmes,la révision de l'ancien découpage électoral, et surtout l'annonce de la date des élections à plusieurs mois avant leur organisation. Aussi, contrairement aux expériences précédentes, les verdicts des urnes seront connus sur place, soit dans les provinces et préfectures concernées, ce qui rendrait nulle toute intervention centralisée à cet effet. Pour boucler la boucle, les autorités publiques ne voient aucun inconvénient à ce que des observateurs nationaux et internationaux puissent suivre à la loupe le déroulement des élections, car le pays n'a plus rien à cacher dans ce domaine. Mais encore faut-il que les candidats soient en mesure de répondre aux vœux de la Nation. Encore faut-il que les formations partisanes puissent mettre leurs éléments les plus intègres et instruits au-devant de la scène. La démocratie ne se fait pas par une simple addition des zéro. Car, un mode de scrutin, aussi parfait soit-il et un dispositif juridique, aussi perfectionné soit-il ne sauraient à eux seuls faire la démocratie. Celle-ci est avant tout une question de volonté politique qui concerne l'ensemble des acteurs dans ce domaine . Or, sans une mise à niveau politique, toute tentative de changement serait tronquée et incomplète. Les pays qui ont préconisé le développement sans la démocratie en savent quelque chose.