Un énième litige opposant les deux opérateurs télécoms est actuellement en cours d'instruction devant l'ANRT. Ce différend porte sur les tarifs de l'interconnexion que l'opérateur historique voudrait revoir à la baisse. Encore un nouveau litige opposant les deux opérateurs de téléphonie est actuellement en instruction devant le régulateur national, l'ANRT. Un conflit, qui vient s'ajouter à la longue listes des différends méconnus qui opposent les opérateurs télécoms, toutes catégories confondues du pays. Cette fois-ci, il semble qu'il s'agit bien de la grosse affaire qui secoue le secteur dans un silence pour le moins troublant. Et pour cause : l'opérateur historique veut réduire à moitié les droits d'interconnexion qu'il reverse au second opérateur. En clair, IAM veut diminuer le tarif de la prestation d'acheminement de communications vers le réseau de Méditel de 1,43 Dh la minute à 0,9 DH. De quoi s'agit-il au juste ? On entend par interconnexion les prestations réciproques offertes par deux exploitants de réseaux ouverts au public et qui permettent à l'ensemble des utilisateurs de communiquer librement entre eux, quels que soient les réseaux auxquels ils sont raccordés ou les services qu'ils utilisent. Sur le plan commercial, l'interconnexion est une grosse source de revenu pour les opérateurs. L'enjeu ainsi que les conséquences seront énormes si l'ANRT approuve cette demande. Pour l'opérateur historique, il s'agit d'une baisse relativement intéressante de ses coûts. À l'inverse, pour Méditel, les conséquences seront moins réjouissantes. À l'image de la probable issue de ce litige, qui sera, de toute manière, déterminante pour les équilibres futurs dans le secteur. « Il est peu plausible que l'ANRT approuve cette baisse. Tout le monde sait que Méditel perd de l'argent. Approuver cette baisse risque de porter un coup à son équilibre financier», note un observateur proche du dossier. Au fait, pour déterminer l'opportunité de cette baisse, l'ANRT fera appel à une expertise internationale. Seules les conclusions de cette dernière diront si oui ou non cette baisse est justifiée. Mais pour mieux comprendre la portée de ce litige, il faudra le situer dans le contexte de la guerre commerciale que se livrent les deux opérateurs depuis des années. L'épisode interconnexion n'est qu'un dossier parmi d'autres dans la longue série de différends portant justement sur les multiples aspects de l'interconnexion. Principalement, en ce qui concerne l'utilisation des commutateurs BPN (Bloc primaire numérique). Ce dernier désigne le terminal de raccordement des réseaux respectifs des deux opérateurs. En principe, l'utilisation de cet outil est facturée indépendamment du trafic d'interconnexion. Un opérateur ou un fournisseur d'accès paye une charge d'interconnexion fixe par BPN. Ceci indépendamment du nombre de minutes acheminées et du nombre d'appels. Cependant, et si Méditel a toujours payé une redevance pour l'utilisation des BPN de IAM, celui-ci n'a jamais payé pour l'utilisation des BPN de Méditel. À l'origine de cette incohérence, un «oubli» de la part des négociateurs du second opérateur ayant rédigé les contrats et qui n'ont pas précisé que l'usage de ces BPN devait être rémunéré. Un expert des télécoms estime le manque à gagner pour le second opérateur à près de 7 millions de Dh annuellement. Aujourd'hui, Méditel réclame le paiement de ses arriérés, ou du moins, l'instauration de la réciprocité du paiement pour l'usage des BPN des deux réseaux. Si la multiplicité de ces litiges peut se présenter comme un signe de «vitalité» qui marque la vie des télécoms dans tous les pays, elle pose néanmoins la question de l'attitude que va adopter l'ANRT. Sachant que les litiges télécoms au Maroc se traitent dans la confidentialité, une question se pose: pourquoi l'ANRT ne publie pas la liste des litiges portés devant elle, comme c'est le cas pour les autres régulateurs des télécoms dans d'autres pays ?