Après l'attentat de Karachi, vendredi, au Pakistan, le Cachemire s'est retrouvé à son tour le théâtre d'attaques islamistes dimanche. Ces groupes extrémistes armés sont au cœur du conflit indo-pakistanais. Depuis samedi, la police pakistanaise et les enquêteurs du FBI ont intensifié leurs recherches concernant l'attentat contre le consulat américain de Karachi (Sud). Perpétré vendredi, par l'explosion d'un véhicule piégé, celui-ci a fait 11 morts et plus de 50 blessés. Selon Syed Kamal Shah, chef de la police du Sind, province de Karachi, les auteurs pourraient être les membres du même groupe soupçonné de l'attaque suicide, exécutée le 8 mai à Karachi, contre un autocar transportant des techniciens, et qui avait fait 14 morts, dont 11 Français. Si cette dernière n'avait pas été revendiquée, Islamabad avait alors porté ses soupçons sur des militants islamistes locaux, «liés au réseau Al-Qaïda». L'attentat de vendredi a quant à lui fait l'objet d'une revendication écrite d'un groupe inconnu, Al-Qanoon («la loi»), qui a affirmé que «l'Amérique, ses alliés et ses esclaves, les dirigeants pakistanais, doivent se préparer à de nouvelles attaques». Deux jours plus tard, dimanche, c'était au tour du Cachemire de connaître de nouvelles violences : cinq civils indiens, des Hindous, ont alors été tués et trois autres blessés lors d'une attaque de militants séparatistes contre un village situé dans la partie indienne. Selon la police, trois gardiens de village ont aussi été tués dans la nuit par des «militants séparatistes» au sud, et trois autres blessés. Enfin, des soldats indiens ont annoncé avoir tué trois séparatistes, le même jour dans le district de Budgam, identifiés comme membres du groupe Hizbul Moudjahidine, le principal mouvement séparatiste armé musulman cachemiri. Ces attaques menées sur le territoire pakistanais comme au Cachemire sont loin d'être les premières du genre à l'image de l'attentat meurtrier perpétré contre le Parlement de New Delhi, le 13 décembre dernier, et qui avait relancé la crise entre le Pakistan et l'Inde. Car l'islamisme radical est une donnée à part entière du conflit dans le sous continent indien. Ces groupes armés sont en effet ces «terroristes» que l'Inde dit soutenus par son voisin. Ce sont eux qui perpétuent les actions violentes en région cachemirie contre les autorités indiennes, à qui il réclament l'indépendance - voire le rattachement au Pakistan-, de la région himalayenne sous contrôle de New Delhi. Ils s'en prennent aussi aux civils de confession hindoue et aux symboles d'autorité, comme les bases militaires récemment. S'ils n'ont rien à voir avec la communauté musulmane présente dans les deux parties du Cachemire, leur force provient sans doute du soutien qu'ils ont reçu de la part d'Islamabad, même en territoire pakistanais. Après avoir promis de lutter contre le terrorisme, le président Musharraf a cependant dû changer de stratégie et a entamé depuis plusieurs semaines une véritable chasse à l'homme. Un revirement de politique qui a valu depuis au général les foudres de ces mouvements. Le dirigeant pakistanais s'est aussi mis les islamistes à dos lorsqu'il a pris position contre les Taliban en Afghanistan et offert ses bases aux Etats-Unis en octobre dernier. Son dernier engagement pris, auprès de Washington, de mettre un terme «de façon permanente» aux incursions islamistes au Cachemire indien et en Inde, a également augmenté le nombre de ses ennemis. Si le conflit proprement dit entre l'Inde et le Pakistan semble actuellement s'éloigner, l'extrémisme religieux, ennemi des deux voisins, reste donc une problématique que les deux Etats devraient sans doute combattre… ensemble.