Le DVR, un nouvel enregistreur numérique inquiète sérieusement l'industrie de l'image. Un bras de fer qui risque de finir devant les tribunaux. Lecture. Les grands réseaux de télévision américains et les studios d'Hollywood devaient se retrouver lundi devant un tribunal de Los Angeles pour dénoncer une nouvelle technologie venue de la Silicon Valley, qu'ils accusent de menacer leur existence: le DVR (Digital vidéo recorder) ou enregistreur numérique vidéo. Mis sur le marché en 1999 et au centre d'une dispute qui s'envenime. Les DVR sont considérés selon les points de vue comme le fleuron du loisir à domicile ou comme une menace sophistiquée à l'industrie du loisir. Jusqu'à présent, deux DVR sont disponibles, le Tivo et Replay. Tous deux ont l'apparence de magnétoscopes classiques. Mais tous deux sont dotés d'un puissant disque dur et ont la capacité d'enregistrer en continu les programmes de télévision grâce à un logiciel interne. Cela permet notamment au téléspectateur de retourner en arrière pendant une émission puis de la reprendre au point où elle en est de sa diffusion. Les enregistrements de Replay, fabriqué par SonicBlue à Santa Clara, en Californie, peuvent aussi sauter automatiquement les coupures publicitaires. Les principaux représentants de l'industrie du loisir, dont ceux des réseaux de télévision ABC, NBC et CBS, devaient être présents au tribunal fédéral pour tenter de stopper net le Replay 4000. Ils s'opposent à la possibilité de piratage offerte par cette nouvelle génération de magnétoscopes : on peut enregistrer une émission et en envoyer une copie à un autre utilisateur via le courrier électronique. Pour eux, cela permet d'enfreindre la loi sur les droits d'auteur et de se livrer à la piraterie numérique. Mais les plaignants s'en prennent aussi à la faculté ainsi donnée aux utilisateurs de sauter la publicité, ce qui, de fait, est un des principaux argument de ventes pour les DVR en général. Pour l'industrie du loisir, la possibilité de s'épargner la diffusion de coupures publicitaires "attaque les bases économiques fondamentales de la télévision gratuite" et sans péage. "C'est du vol", a carrément déclaré Jamie Kellner, PDG de la Turner Broadcasting dans une interview en avril. "Quand vous regardez une émission, vous passez un contrat tacite avec la chaîne de télévision, qui vous engage à regarder les spots publicitaires. Sinon, on ne peut pas avoir des émissions financées par la publicité", fait-il valoir. Un bureau de consultants basé à Memphis, NextResearch, a récemment publié une étude indiquant que 95% des personnes qui peuvent enregistrer une émission à la télévision sautent la publicité. Et bien que le marché du DVR soit encore minuscule, avec un nombre d'utilisateurs estimé à 2,8 millions d'ici la fin de l'année, il devrait exploser d'ici 2008 en atteignant 28,7 millions d'utilisateurs. Pour les défenseurs des fabricants d'appareils numériques, l'industrie du loisir tente simplement d'arrêter l'inévitable. "Une fois que vous avez autorisé une technologie qui est adoptée par des consommateurs, vous ne pouvez pas retourner en arrière. Avis à tous les grands monopoles de la planète !