Avoir 15 ans en 2014 c'est être né avec le début du règne du Roi Mohammed VI. Avoir 15 ans de nos jours c'est n'avoir connu qu'une ère, l'ère d'un air nouveau… 15 ans c'est l'émergence d'une génération: «Jeunesse, engagement, mouvement associatif…». Remontons un peu le fil du temps afin de mieux mesurer le chemin parcouru… Dans les années 90 lorsque le Roi Mohammed VI était alors Prince Héritier nous étions un certain nombre –en France- de jeunes issus de l'immigration marocaine à émerger sur la scène sociale. A titre personnel, depuis la Marche des Beurs, je m'étais engagé au sein du «mouvement Beur», j'animais des émissions sur Radio Soleil et présidais l'association «Hors la Zone». Très vite nous avons ressenti l'intérêt que portait Sidi Mohammed à notre génération, à de nombreux signes : en visite en France, le Prince Héritier avait demandé au ministre chargé de la communauté marocaine à l'étranger d'organiser une rencontre avec des leaders associatifs à Paris. Lors de cette discussion nous avons vu à quel point le Prince Héritier comprenait nos aspirations, nos points de vue, notre désir de vivre notre double culture. Et effectivement la suite allait nous le prouver, le Prince Héritier Sidi Mohammed a multiplié les occasions de nous mettre en avant : Fêtes du Trône, Fêtes de la Jeunesse, rencontres privées…nous étions ainsi souvent mis à l'honneur face à l'ensemble de la classe dirigeante marocaine, l'image avait valeur de signal ! Je me souviens de nombreuses anecdotes, ainsi lors de «l'Année du Maroc en France», le Prince Héritier nous a sollicités et invités à la prestigieuse soirée donnée au Château de Versailles, là aussi il entendait impulser une dynamique. En tant que leader associatif j'ai pu mesurer à quel point systématiquement Sidi Mohammed se tenait informé et cherchait à rencontrer les figures émergentes tels Mustapha Hadji, Hicham Arazi, Abdellatif Benazzi ou encore Jamel Debbouze dont la renommée est aujourd'hui un atout considérable pour notre pays – pour ne citer qu'eux… je me souviens d'une fois où le Prince Héritier avait invité les jeunes chanteurs de «Sawt Atlas» à Rabat et à quel point ils étaient impressionnés, et de me dire alors que nous sortions de notre rencontre : «Comme il est cool, on se serait crus chez un ‘'pote'' »… On peut dire que c'est grâce à SM le Roi, avant même qu'il ne règne, que le Maroc a porté sur sa jeunesse de l'étranger un nouveau regard. Quant à moi c'est de là qu'est né mon grand respect et mon sincère attachement pour notre Souverain ! Aujourd'hui participer au projet de société qu'il impulse est motivant, enthousiasmant et excitant… Le Prince Héritier Sidi Mohammed est devenu Roi en 1999 et là aussi, par ses discours, par ses actions il a poussé toute la société marocaine à prendre conscience de ses jeunes et à les prendre en compte… le Roi avait une vision pour la jeunesse de son pays : en faire un acteur primordial de la société. Alors qu'auparavant un wali, un gouverneur, un élu n'avait même pas l'idée ne serait-ce que de recevoir un jeune dans son bureau, SM le Roi en a fait le cœur de ses actions : par les activités de la Fondation Mohammed V pour la solidarité tout d'abord puis lorsqu'il a initié l'INDH dont la jeunesse est l'un des bénéficiaires majeurs. Une anecdote me revient là aussi en mémoire : en 2002 avec d'autres jeunes Marocains de France nous avions initié le programme «Quartiers Solidaires» au Maroc et j'avais eu l'idée de lancer, pour la 1ère fois, la «Fête de la Musique» dans un quartier symbolique de Casablanca, puisqu'il s'agissait de Hay Mohammadi. Je souhaitais demander le parrainage de Sa Majesté, mais tout le monde me disait que c'était impossible… Et bien nous en rêvions, le Roi l'a fait ! Pendant longtemps au Maroc sous prétexte de parler «de la jeunesse» on parlait «à la place de la jeunesse», or depuis le début du règne de SM Mohammed VI, elle s'exprime elle-même et est devenue un acteur à part entière: les jeunes s'engagent, se prennent en main et les «coups de pouce» du Roi pour la nouvelle scène musicale marocaine, pour un cinéma nouveau, pour la naissance d'une véritable pépinière d'associations de jeunes dans les quartiers… ont été essentiels ! Je connais bien nos jeunes pour m'y consacrer depuis des années et pour débattre avec 300 d'entre eux chaque mois, à l'occasion de nos Cafés Politis: nos jeunes sont avides de dignité, de reconnaissance, de justice sociale mais c'est en retroussant leurs manches qu'ils les recherchent : leur ambition est de contribuer au progrès du Maroc pour eux bien sûr mais aussi pour leurs parents. Ils ne veulent ni déstabilisation ni adoption d'un modèle importé, ils œuvrent pour un projet de société plus juste, plus égalitaire où ils auront toute leur place. Sur le terrain aujourd'hui la majorité de la jeunesse s'implique, innove et avance. Bien évidemment les difficultés, les obstacles existent mais des centaines d'associations telles Droit de Cité, Marocains Pluriels juniors, HappyNass, Agora, Lueur d'Espoir, Maroc Trip, Enfants du Cœur, Marock'jeunes, Amama, AssoActu, Moroccan Réaction, Jeunes Citoyens… tirent notre population vers le haut malgré les inévitables réticences, les résistances ou les embûches rencontrées. La société civile a beaucoup changé en 15 ans, la jeunesse y a pris sa place, toute sa place et révolutionné nombre de pratiques! Aujourd'hui un nombre important de Beurs de ma génération sont (r)entrés au Pays –alors que bien souvent ils avaient des fonctions intéressantes dans leur pays de vie – il est clair que c'est l'arrivée sur le Trône de SM Mohammed VI qui a incarné pour nous «l'Appel du pays» et donné cette envie d'accompagner ses efforts pour le développement du pays, aux côtés des forces vives de notre patrie dont bien sûr la jeunesse -avec nos moyens, notre sincérité et notre patriotisme -pour un Maroc meilleur ! Le Roi que Sidi Mohammed deviendrait perçait sous la personnalité du Prince Héritier, par exemple cette empathie qui est la sienne à l'égard de ceux qui sont en situation précaire a éclaté au grand jour lorsqu'il a créé la Fondation Mohammed V pour la solidarité, avec Mustapha Hadji et Smahi Triki j'ai eu la chance de participer à l'une des premières initiatives de la Fondation lorsque nous avons offert des équipements sportifs aux jeunes pensionnaires de l'orphelinat de Ain Chock. Le Prince Héritier a suivi notre périple à chaque instant, s'inquiétant de tout et lorsque quelques jours plus tard un journal a publié un article très méprisant pour notre action il a pris la peine de nous appeler pour nous réconforter. En fait le poids des responsabilités a changé l'Homme, il est le chef de l'Etat, mais la personnalité profonde perce toujours, celle d'un homme élevé pour régner bien sûr, mais régner avec ce «supplément d'âme» qui le caractérise !