Dix Subsahariens et deux Indiens candidats à l'immigration clandestine ont été interpellés vendredi près de Nador. Cette arrestation, la énième du genre, souligne un nouveau phénomène auquel le Maroc est confronté. Le problème est à la fois réel et épineux. Il ne passe pas une semaine sans que les autorités marocaines ne signalent l'arrestation de Subsahariens, candidats à l'immigration clandestine. Lundi dernier, les services de la Gendarmerie royale, en collaboration avec les Forces auxiliaires, ont procédé à l'arrestation dans la province de Laâyoune de 37 Subsahariens qui s'apprêtaient à appareiller en direction des Iles Canaries à bord d'une embarcation de fortune. Deux jours auparavant, 18 Subsahariens et un Jamaïcain ont été arrêtés dans la province de Guélmim par une patrouille relevant du commandement régional de la Gendarmerie royale. Et vendredi dernier, dix Subsahariens et deux Indiens ont été interpellés dans la forêt du mont Gourougou (12 km de Nador), dans une opération de ratissage menée conjointement par les éléments de la Gendarmerie royale, de la Sûreté nationale et les Forces auxiliaires. Les nationalités des dix Subsahariens ont été révélées. Il s'agit de 4 Nigérians, 2 Sénégalais, 1 Nigérien, 1 Camerounais, 1 Libérien et 1 Congolais. Ils trouvaient refuge dans la forêt de Gourougou, devenue un lieu mythique dans l'espace de représentation de ceux qui rêvent d'un monde meilleur. Cet endroit ressemblerait, selon certains, à la cour des miracles». On y trouve plusieurs nationalités, chacune représentée par un chef. De nombreux petits métiers y fleuriraient. Et de nombreux mois peuvent s'écouler entre l'arrivée à cet endroit et l'hypothétique départ vers la rive nord de la Méditerranée. Les arrestations dans la forêt de Nador et les provinces du Sud se sont multipliées depuis le réchauffement des relations entre Rabat et Madrid. On se souvient que l'immigration clandestine avait constitué l'une des priorités, lors de la visite du chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, au Maroc. Il avait assuré les autorités marocaines de l'entière disposition du gouvernement espagnol à appuyer leurs efforts dans la lutte contre l'immigration clandestine. Et justement, c'est sur le manque de moyens que butent les autorités marocaines. L'Union européenne veut pousser ses frontières sud au Maroc. Des responsables ont appelé à «réguler» les flux migratoires à partir de notre pays. Le problème, c'est que le Maroc n'a pas les moyens pour assurer de bonnes conditions aux immigrés interpellés, avant leur refoulement vers leur pays. Ce qui fait élever certaines voix. A ce sujet, des associations des droits de l'homme ont lancé, le mois dernier, un appel pour observer un sit-in devant l'ambassade du Maroc en France. Elles protestent contre les mauvais traitements subis par les Subsahariens. Elles oublient dans doute que parmi les candidats à l'immigration clandestine, figurent de nombreux marocains. Ceux-là sont fréquemment arrêtés, et imposent une communauté de rêve et de destin entre les Africains du sud et ceux du Nord, guère mieux lotis.